Citroën, l’intenable promesse

Sébastien Loeb et Sébastien Ogier - -
« On va faire cohabiter tout ce beau monde en partant du principe que tout le monde est intelligent. » C’était la maxime d’Olivier Quesnel, au début du mois de mars. La saison 2011 venait de commencer et déjà, se posait la question de l’association entre Sébastien Loeb et Sébastien Ogier chez Citroën. Moins de six mois plus tard, la volonté du directeur du département sport du groupe PSA, dont la position est devenue très fragile, a été balayée par la réalité. Car la cohabitation entre l’Alsacien, septuple champion du monde et en route pour un huitième sacre, et le Gapençais, son premier rival, a dégénéré.
D’abord en Grèce, en juin, quand l’aîné des deux « Seb » n’a pas compris qu’Olivier Quesnel favorise par l’absence de consignes la victoire du cadet. Puis en Allemagne, ce week-end, avec l’ordre donné par Citroën de figer les positions. A Loeb, la victoire. A Ogier, l’étiquette fraîchement imprimée de numéro 2. Une crevaison samedi après-midi en a décidé autrement. Mais le mal était fait. Devant la caméra de TF1, Sébastien Ogier lâchait que celui qui était autrefois un modèle, allait « pleurer » auprès du team pour bénéficier de consignes. A 27 ans, le champion du monde juniors touchait alors du doigt des considérations qui dépassent le cadre sportif.
Ford, Mini ou Volkswagen pour Ogier ?
« Avec Ogier, je pense qu'on a un futur très, très grand » clamait Olivier Quesnel mi-avril, après la deuxième des quatre victoires du Gapençais cette saison. Mais l’intervention de la direction générale du groupe PSA pour la prolongation de deux saisons du contrat de Sébastien Loeb (37 ans), soit jusqu’en 2013, a rappelé à tout le monde combien l’Alsacien est important dans la stratégie globale de Peugeot-Citroën. Les belles promesses d’Olivier Quesnel étaient à ranger aux oubliettes, même si aucun membre de l’équipe française n’a confirmé le fait que le septuple champion du monde avait obtenu dans les négociations le statut de numéro 1.
« L’hiver dernier, Sébastien Ogier a reçu une offre phénoménale de Ford, rappelait Olivier Quesnel au printemps. Il m’a dit qu’il était prêt à rester chez Citroën, à gagner moins d’argent, mais à une seule condition : avoir le statut de numéro 1, comme Sébastien Loeb. » Il y a désormais de fortes chances pour que Sébastien Ogier rejoigne, dès 2012, un autre constructeur. Malgré un contrat courant, lui aussi, jusqu’en 2013. Peuvent être intéressés Ford, si le programme est renouvelé, Mini, si la progression est avérée, ou Volkswagen, qui déboulera en 2013. Pour le compte de Kris Nissen, le patron du secteur sportif de VW, Carlos Sainz avait fait la cour à Sébastien Loeb. L’Espagnol pourrait vite se rapprocher de l’autre « Seb ».
Le titre de l'encadré ici
Loeb-Ogier comme Prost-Senna ? |||
Si sa gestion par Citroën laisse à désirer, la rivalité entre Sébastien Loeb et Sébastien Ogier permet, en revanche, au Championnat du monde des rallyes de vivre une saison très épicée. A quatre rallyes de la fin (Australie, France, Espagne, Grande-Bretagne), le plus jeune des deux « Seb » n’a pas encore renoncé au titre. Il compte 25 points de retard sur le septuple champion du monde, qui aura la faveur des pronostics chez lui en Alsace et en Catalogne. La lutte entre les deux Français au sein de la même écurie rappelle quelques grandes heures des sports mécaniques. Immanquablement, leur duel fait penser à celui entre Ayrton Senna et Alain Prost en F1. En 1988 et 1989, le Brésilien et « le Professeur » se sont durement affrontés sous les mêmes couleurs de McLaren-Honda. Avec un épilogue d’une grande intensité, à Suzuka, en octobre 1989. Leur accrochage, la disqualification d’Ayrton Senna et le troisième titre d’Alain Prost sont alors entrés dans l’histoire de la F1. En 2012, Sébastien Loeb et Sébastien Ogier ne seront peut-être plus dans la même équipe. Mais jusqu’à la probable retraite du premier à la fin de la saison 2013, leurs passes d’armes s’annoncent savoureuses.