Lagrive, permis Dakar

Matthieu Lagrive - -
Il avait tout. La moto, le casque, les gants, les bottes… Tout, sauf le permis A. Dix-sept années de compétition, des victoires en pagaille, mais l’interdiction de piloter sur les petites routes de sa Normandie natale. Matthieu Lagrive, 32 ans dont 17 au guidon de machines de vitesse et d’endurance, n’avait jamais eu besoin de pousser la porte d’une auto-école. Il a dû s’y résoudre il y a quelques semaines. Car sur le Dakar, son nouveau défi, impossible de s’élancer sans le précieux tampon sur le papier rose.
Quadruple champion du monde d’endurance (2005, 2006, 2007, 2008) et quadruple vainqueur du Bol d’Or (2004, 2005, 2006, 2008), il découvrira le rallye-raid à partir du 1er janvier. « J’ai effectivement passé le permis moto uniquement pour le Dakar, explique-t-il. Par le passé, sur circuit ou en pistes fermées, je n’en ai jamais eu l’utilité. Il fallait le permis pour le Dakar alors je l’ai passé, comme Monsieur Tout-le-monde. J’ai fait mes heures. Je me suis appliqué au mieux. »
« Une certaine appréhension sur la route »
Pourquoi passer le permis moto si tard ? Parce que rouler à plus de 200 km/h à Magny-Cours, lors du Bol d’Or, ou sur d’autres circuits de France et d’Europe, procure une dose de sensations sans commune mesure avec les affres de la circulation quotidienne. « Je ne suis pas quelqu’un qui va aller rouler sur la route, confie-t-il. J’ai une certaine appréhension, je ne me sens pas forcément à l’aise dans ces circonstances-là. »
Les grands espaces du Dakar, dans la Cordillère des Andes ou le désert de l’Atacama, lui conviendront mieux que les rues de Narbonne (Aude), à quelques kilomètres de son domicile. Et son objectif sera de voir Lima, la capitale du Pérou, le 15 janvier. « Je viens pour apprendre, reconnait-il. Je ne connais rien du tout à la navigation et je vais apprendre à lire un road-book sur le tas. Je sais aussi que physiquement, ce sera plus exigeant que tout ce que je connais. » Quelques 8 400 km, dont 4 400 km de spéciales, l’attendent. Le Bol d’Or, 24 heures de course avec deux équipiers ? Presque une promenade de santé…