Bleus : Wanted... Esprit de révolte !

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On leur reprochait leur inconstance. Mais désormais, le créneau de la critique (constructive) a changé. Place à un esprit de révolte en berne. A cette incapacité à trouver des leaders pour remettre le groupe dans le droit chemin dans les moments difficiles. Face à la Lituanie, pour le premier match du tour principal, où un seul succès qualifierait les Bleus en quarts, les joueurs de Vincent Collet n’ont pas rassuré sur ce plan. Derrière dès le premier quart-temps, les Français n’ont jamais su appuyer sur l’accélérateur pour revenir. Un temps au contact grâce à leur défense, ils ont même fini par lâcher prise en fin de match, clôturant la soirée avec une addition sévère (76-62, -14 points) mais méritée alors que « beaucoup d’occasions pour revenir n’ont pas été saisies » (Vincent Collet, sélectionneur).
Alors, bien sûr, les matches du premier tour (et du passé) ont encore montré combien le général Tony Parker pouvait prendre ses troupes en mains côté offensif. Et l’infatigable Florent Piétrus n’a plus à prouver ses qualités de meneur d’hommes sur le plan défensif. Mais la révolte, dans tout ça ? L’instinct de savoir remonter les bretelles quand il le faut ? Même le capitaine, Boris Diaw, homme à tout faire mais trop discret, n’affiche pas ce registre. « Ce n’est pas la caractéristique principale de ce groupe », confirme Jacques Monclar, membre de la Dream Team RMC Sport.
« Noah amenait cette grinta naturelle »
« Nous sommes conscient de cela, reconnaît Collet. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas le faire. Il y a pas mal de gens calmes dans ce groupe, un peu taiseux, qui ne vont pas faire ça. On ne peut pas demander à un agneau de se transformer en tigre. » Et Antoine Diot, encensé par Collet pour son mental de « guerrier », d’appuyer : « La nature des hommes est plus calme cette année. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de révolte en nous. Les gros matches avec beaucoup d’enjeu vont arriver. C’est à ce moment-là qu’on pourra dire si on est des guerriers et des tueurs ou pas. »
L’absence de révolte s’explique en partie par certaines absences. Difficile, en effet, de remplacer l’énergie contagieuse de Joakim Noah et Ronny Turiaf. « Ronny manque dans ce registre, souligne Monclar. Et Joakim est un guerrier lumineux qui amenait cette grinta naturelle, l’intimidation, la dissuasion de l’adversaire. Il rassurait ses partenaires quand ils étaient passés car ils savaient qu’il faisait l’essuie-glace derrière. Avec lui, on est champions d’Europe cette année. »
Batum à côté de ses baskets
Symbole de ce manque de révolte, Nicolas Batum traverse un Euro compliqué, loin de son ambition d’être « le meilleur ailier de la compétition ». Et au-delà d’une réussite aux abonnés absents, ce qui peut arriver, l’attitude un brin désabusée du leader de jeu des Bleus avec Parker ne suinte pas l’âme d’un secoueur de cocotier. « Il a toute notre confiance », rassure Diaw. « Il va rebondir », insiste Collet. Le faire contre la Lettonie, ce vendredi (21h), ne serait pas une mauvaise idée. Car une défaite entraînerait une obligation de victoire – et donc un match sous tension – face aux Serbes, dimanche, pour accéder aux quarts. « Il n’y a pas d’inquiétude jusque-là mais il y a une certaine urgence, reconnaît Boris Diaw. Il faut en gagner un pour se qualifier et cette urgence est toujours là. » A eux de la transformer en énergie positive. En révolte, même.
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