
Euro 2017: les Bleues ont plié face au talent de l’Espagne

Marine Johannes - AFP
La défaite, et l'ampleur du score d'un ultime match sans suspense dès la pause, font mal. Il faudra du temps pour que les joueuses voient dans cette cinquième médaille européenne d'affilée un beau cadeau d'adieux à "Caps" et un bon résultat pour la France, qui consolide son statut de puissance continentale. Depuis le titre de 2009, la France est la seule nation à n'avoir plus quitté le podium. Bien sûr, rien ne remplace la victoire, surtout pour une équipe qui avait été battue en finale en 2015 par la Serbie et en 2013, déjà par l'Espagne, en France. Cet échec il y a quatre ans avait profondément marqué Dumerc. Ayant vu ses amies Emeline Ndongué et Edwige Lawson-Wade terminer leur parcours en pleurs après la défaite d'un point contre l'Espagne, devant le public d'Orchies, la meneuse voulait à tout prix éviter un tel sort pour sa 262e sélection, un record.
>> Revivez la finale de l'Euro 2017, France-Espagne
En grande capitaine, la star des "Braqueuses" médaillée d'argent à Londres en 2012, a pris ses responsabilités. C'est elle qui a semblé relancer la France dans le deuxième quart-temps en inscrivant deux paniers à trois points quand le retard avait atteint pour la première fois dix points. Mais les Espagnoles étaient tout simplement trop fortes. Comme un symbole, c'est Dumerc qui a marqué les deux derniers paniers français et fini meilleure marqueuse des Bleus avec 15 points. Mais la résignation se lisait depuis longtemps sur son visage.
Le troisième titre de l'Espagne
Les Espagnoles, vice-championnes olympiques à leur tour en 2016, qui remportent leur troisième titre européen après 1993 et 2013 (à chaque fois contre la France en finale!), se sont jouées de la défense des Bleues, leur principale force pourtant, surtout en première période (39-30). Alba Torrens, probablement la meilleure joueuse européenne, et l'Américaine naturalisée Sancho Lyttle ont fait des ravages (18 et 19 points respectivement au total). Après la pause, c'est l'attaque qui s'est enrayée (10 points marqués seulement dans le troisième quart-temps). Malgré cette finale manquée, l'Euro 2017 reste une réussite. La France remonte sur un podium international un après la frustration de Rio, où elle avait fini quatrième, en l'absence de Dumerc, blessée.
Ce groupe, auquel Gaëlle Skrela, une autre de ses taulières, a fait ses adieux à 34 ans, a montré une belle force collective. Il a gagné ses matchs à douze en faisant craquer ses adversaires, la Slovénie, la Grèce (deux fois), la Slovaquie et la Serbie, tenante du titre, en fins de matchs, mais pas l'Espagne, qui était d'un autre calibre.
L'après-Dumerc est prometteur
S'il faut à tout prix faire sortir une joueuse du lot, ce sera Endy Miyem. L'intérieur, la seule championne d'Europe de l'équipe avec Dumerc en 2009, a été le socle sur lequel les Bleues ont pu s'appuyer, des deux côtés du terrain. Elle n'est passée à côté d'aucun match... sauf peut-être la finale (8 points). A voir la richesse du banc bleu, on aurait presque oublié que le secteur intérieur était en théorie décimé par l'absence de Sandrine Gruda, qui faisait l'impasse pour se consacrer à son mariage, et d'Isabelle Yacoubou, à la retraite internationale. La grande Héléna Ciak (1,97 m), Diandra Tchatchouang et la toute jeune Alexia Chartereau (18 ans), ont souvent dominé dans la "peinture » durant cet Euro.
Qu'a-t-il manqué alors? Probablement des joueuses de la classe de Torrens et de Lyttle et une plus grande variété d'options dans les tirs. La solution se trouve peut-être dans la génération montante, avec la shooteuse Marine Johannes et le bolide Olivia Epoupa, qui ont le potentiel pour assurer un après-Dumerc brillant.