La France tourne le dos à l’Euro 2015

Pau Gasol et Joakim Noah - -
« Nous, on a été transparents depuis le début. » Sous-entendu évident : ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Jean-Pierre Siutat ne mâche pas ses mots. Invité à s’expliquer sur le retrait de candidature de la France à l’organisation de l’Euro 2015, le président de la Fédération française de basket charge la FIBA Europe, qu’il désigne comme seul responsable de la situation. « Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on a pris cette décision. On a monté un vrai projet. On avait deux chefs de gouvernement (Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, ndlr) qui s’étaient investis sur ce dossier. Aujourd’hui, c’est le problème de la FIBA Europe. Plus le nôtre. »
Le vrai projet en question se voulait des plus ambitieux : une organisation commune, d’abord avec l’Allemagne puis avec deux autres pays, l’Italie et la Croatie. « Une ouverture extraordinaire vers un nouveau modèle d’organisation des championnats d’Europe », affirme Siutat. Un projet dans lequel « la France était le pays leader » poursuit le grand patron du basket tricolore, puisque l’Hexagone devait accueillir, en plus d’un groupe du 1er et du 2e tour, l’intégralité de la phase finale du tournoi. Mais cet Euro à quatre n’aura pas lieu. « On a appris qu’il nous faudrait, dans l'heure qui suivrait le choix, débourser 2 millions d'euros pendant quatre ans, dénonce Siutat. La FIBA Europe aurait aussi un contrôle total sur le cahier des charges. Si elle veut porter l'Euro de 24 à 32 équipes, on n'aura rien à dire et il faudra payer, payer et encore payer. »
« Un projet balayé par des intérêts à courts termes »
Trop vorace, la FIBA Europe ? « On est stupéfait de voir que ce projet d’une Europe par le sport soit balayé par les intérêts à courts termes de la Fédération européenne, poursuit Siutat. On s’est demandé si on ne cherchait pas à avantager une autre candidature. » Celle de l’Ukraine en l’occurrence, qui n’a présenté qu’un dossier de 15 pages – contre une centaine pour le quatuor France-Allemagne-Italie-Croatie, et l’a remis presque hors-délai ? « Nous sommes persuadés d’être les seuls à avoir déposé un dossier en temps et en heure, poursuit Siutat. Je n’ai rien contre l’Ukraine mais ils ont déposé leur dossier septembre-début octobre, soit à la limite du cahier des charges. Est-ce que ce dossier était une candidature alibi ? On a demandé à avoir des éclaircissements. On n’a jamais eu de retour. »
Une absence de réponse qui a finalement poussé chaque camp à se retirer. Mais pas à faire une croix définitive sur l’organisation d’un tournoi majeur. La France, qui promet le maintien de ses projets de grandes salles (« On a des assurances, les choses avancent. C’est dommage, mais pas incontournable » dit Siutat), pourrait se consoler avec le Mondial 2018, qu’elle envisage, là aussi, d’organiser conjointement avec l’Allemagne. « Oui, on a tellement sympathisé avec nos amis allemands qu’on a envie de faire les choses ensemble. » A la condition, cette fois, que l’enjeu financier n’écrase pas tout le reste.