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Collet : le MVP, c’est lui !

Vincent Collet

Vincent Collet - AFP

Effacé et discret, Vincent Collet n’en est pas moins un rouage essentiel de la réussite des Bleus en Espagne. Mieux, en l’absence de Tony Parker, ce tacticien de génie constitue véritablement un élément majeur de l’équipe de France, qui loue à l’unanimité son caractère et sa méthode.

La voix parait calme. Maitrisée. « Je m’excuse de ne pas vous avoir redit, sur le dernier temps mort, de faire faute si on n’avait plus que trois points d’avance au goal average. Je m’en excuse… » Mais la rage et la colère, si bien contenues jusque-là, vont finir par exploser. « J’avais oublié, qu’il faut tout vous dire… comme si vous jouiez au basket depuis ce matin ! » L’homme qui vocifère littéralement à l’oreille de Boris Diaw et de Nando de Colo, à la pause d’une future défaite des Bleus face à la Nouvelle-Zélande, (70-82) lors du Mondial 2010, n’est autre que Vincent Collet.

Cette scène, déjà vue par des milliers de YouTubers, est surprenante. Elle ne colle pas vraiment à l’image que renvoie, de prime abord, l’entraîneur de l’équipe de France de basket. Celle d’un homme discret, effacé, au charisme et à l’autorité pas forcément évidentes au milieu des stars NBA qui composent le vivier bleu. Une vision très, très loin de la réalité. « C’est la tête de notre équipe, lâche Florent Piétrus. Je pense que c’est l’âme de notre équipe, c’est lui qui nous montre la voie. » Lui qui sait trouver les mots justes, avec le sens de la formule. Lui qui a su mettre le curseur où il fallait, là où il le fallait, pour rendre l’impossible possible à Madrid, face à une équipe d’Espagne archi favorite.

Batum : « Très, très fort tactiquement »

« Je pense qu’il n’a pas cru à la victoire hier (mercredi, ndlr), assure ‘Flo’ Piétrus. Il y a cru depuis qu’il a pris en main l’équipe le 20 juillet. Il nous a toujours répété jour après jour qu’il croyait en nous. C’est vrai que ça a été dur par moment de vraiment croire en nous, les joueurs, mais je pense que c’est le seul, avec tout son staff technique et les gens qui nous suivent derrière, qui croyaient vraiment en nous. » Tony Parker absent, Vincent Collet a trouvé les ressorts nécessaires pour transcender son groupe. Le meneur de jeu des Spurs forfait, c’était au natif de… Sainte-Adresse (Seine Maritime) de reprendre la part de leadership laissé vacante par TP.

Lui qui a su, depuis son intronisation en 2009, laisser une part d’autogestion aux cadors tricolores, a repris le pouvoir, avec son staff, pour s’adapter au mieux à sélection jeune, très jeune. « Les ajustements qu’il a réussi à faire, lui et son staff… La façon qu’il a eu de nous remettre en question, d’être dur avec nous…, énumère Nicolas Batum. Ça fait maintenant 10 ans que je travaille avec Vincent. Il a un gros palmarès, il veut avant tout gagner. Partout où il est passé il a gagné et il inculque ça aux joueurs. Il arrive à faire passer ça aux joueurs. C’est ce qui rend cette équipe de France si performante. »

Un vrai stakhanoviste du basket et de son jeu

Champion de France en 2006 avec Le Mans, en 2009 avec Villeubanne et champion d’Europe en 2013, le CV de Vincent Collet impose le respect. Son énorme culture tactique aussi. Le bonhomme enchaine les visionnages vidéo, dort peu ou alors très mal lors des grands championnats, ne laisse rien au hasard, respire, pense, mange et boit tactique. Un vrai stakhanoviste du basket et de son jeu.

« Je me rappelle… la dernière séance vidéo la veille du match a été très, très dur, raconte Batum. Il ne nous a pas épargnés. Ça a été une bonne chose, il a été très, très fort tactiquement. Il faut l’être dans un match comme ça. Il a réussi à nous mettre dans les meilleures conditions, à nous donner un plan de match parfait pour battre cette équipe-là. » Et une réelle possibilité, un an après un titre continental, d’aller chercher une consécration mondiale. Décidément, Tony Parker a eu un sacré flair en militant fermement pour que Collet, tiraillé entre ses postes en sélection et en club (à Strasbourg depuis 2011) poursuive l’aventure en Bleu. En son absence, ce dernier a bien pris le relais.

A.D avec Nicolas Jamain