Team USA : pourquoi ils sont plus forts que prévu

Steph Curry - AFP
Certains parlaient d’une équipe B. On aurait presque même penché pour la C. L’équipe US chargée de défendre son or planétaire en Espagne affiche un profil loin du clinquant de l’inoubliable Dream Team de Barcelone. Les superstars de la NBA ? Absentes, chacune son mot d’excuse (ou sa blessure comme pour Paul George). Pas de LeBron James, Kevin Durant ou Chris Paul. Ce qui n’a pas empêché les hommes de coach Mike Krzyzewski de tout écraser sur son passage avec un écart moyen de près de 32 points, un massacre d’épique proportion pour son entame contre la Finlande (+… 59) et un quart puis une demi-finale qui tournent aux démonstrations (+37 et +28). Inattendu ? Pas forcément non plus. La preuve en cinq points.
La force du réservoir
L’absence de la plupart des superstars NBA ? Une conséquence d’une culture où la sélection nationale ne revêt de réelle importance qu’à l’heure de croiser les anneaux olympiques. Mais Team USA possède, comme toujours, un avantage de taille : son réservoir quasi inépuisable. Qui lui permet de présenter un groupe sans équivalent dans la compétition en termes de densité. Les stars de l’équipe se nomment Derrick Rose, l’ancien MVP de la NBA de retour de blessures et leader moral du groupe, James Harden, Anthony Davis, Steph Curry et Kyrie Irving. Le tout complété par quelques role players efficaces. Une accumulation de talents qui permet beaucoup de turnover sans baisse de niveau conséquente. A la différence de ses adversaires, Team USA possède deux équipes de niveau similaire (ou quasi) et sait en profiter. La preuve avec le temps de jeu où pas un Américain ne dépasse… 24 minutes par match.
Le danger vient de partout
Cette répartition globale des responsabilités – seuls Andre Drummond et Mason Plumlee jouent beaucoup moins – se retrouve aussi sur le plan statistique avec un meilleur marqueur à seulement 13,1 points par match (James Harden, le leader de jeu annoncé) et pas un joueur dans le Top 10 de cette catégorie sur la compétition. Le deuxième meilleur marqueur ? Anthony Davis avec… 13 points. Le troisième ? Klay Thompson avec 12,8. Le quatrième ? Kenneth Faried avec 12,5. On croit souvent les Américains adeptes d’un jeu où seule compte l’idée de faire briller les individualités. S’il sait encore s’appuyer sur certains de ses solistes quand nécessaire, ce Team USA prouve combien de très bons joueurs qui savent partager la gonfle et les paniers peuvent cohabiter en bonne intelligence. Personne ne brille trop. Mais le groupe parvient à se sublimer ensemble.
Faried, Thompson, les bonnes surprises du chef
Si vous suivez le basket de très loin, leurs noms ne vous diront pas grand-chose. Leur rôle dans la quête d’un cinquième titre mondial américain (ce qui égalerait le record de cinq sacres de la Yougoslavie) est pourtant essentiel. Kenneth Faried et Klay Thompson. Le premier, intérieur athlétique des Denver Nuggets, se régale à martyriser les raquettes dans cette Coupe du monde : meilleur rebondeur US avec 7,9 prises par match, quatrième marqueur avec 12,5 points et meilleure moyenne à l’évaluation. Surnommé « Manimal », Faried profite avec bonheur de son avantage palpable sur le plan athlétique. Le second, arrière des Golden State Warriors où il forme un combo efficace et spectaculaire avec Steph Curry, fait parler son joli shoot avec une efficacité de métronome : 66,7% à deux points et 41,7% à trois points. Encore un que les règles FIBA, vues comme un point négatif pour Team USA et ses joueurs NBA, ne dérange pas vraiment. Surtout la ligne à trois points rapprochée, qui permet un meilleur pourcentage et plus de facilité pour vite profiter des lignes de passe ouvertes une fois la défense étirée.
La philosophie mise en place par coach K.
Il a connu les paillettes de la Dream Team originelle, dont il était l’assistant. Il est une légende absolue sur le campus de Duke, l’université dont il est coach principal depuis… 1980 et qu’il a mené à plus de 900 victoires et quatre titres NCAA. Reconnu par ses pairs comme l’un des plus grands coaches de l’histoire du basket US, Mike Krzyzewski – prononcez « chat-chef-ski » – est le principal artisan du retour de la domination américaine totale depuis les JO de 2008. Venu prendre les commandes de Team USA en 2005, après des échecs au Mondial 2002 puis aux JO 2004, coach K. a reconstruit pierre par pierre un édifice capable d’obtenir des résultats à la hauteur d’un potentiel joueurs inégalé. Après le bronze planétaire en 2006, compétition dont il se sera servi pour habituer certaines superstars au jeu FIBA (LeBron James ou Carmelo Anthony par exemple), coach K. a tout raflé : les Jeux en 2008 et 2012, le titre mondial en 2010 et certainement en 2014. Carton plein. Sa méthode ? Avoir su, déjà, convaincre les superstars NBA de la validité de son projet, surtout en vue des JO. Avoir su, aussi, former des groupes complémentaires quand ces dernières ne sont pas là. Avoir su, enfin, insuffler un état d’esprit censé faire disparaître l’arrogance américaine. Le respect de l’adversaire est désormais placé en première ligne. Krzyzewski a fait comprendre aux stars US qu’elles pouvaient être battues. Et ça leur permet de ne plus l’être. « Celui qui pense qu’il est imbattable, il sera battu, confirme l'intéressé. Nous n’entrons jamais dans un match avec l’idée qu’on est imbattable. »
Un potentiel physique et athlétique sans égal
Autre avantage de la version 2014 de Team USA (comme de ses devancières) : son côté athlétique et sa puissance physique. A l’intérieur, à l’extérieur comme à la mène, les Américains restent les plus beaux bébés du plateau. Plus haut, plus vite, plus fort. Et plus reposés. La formule fait mouche à chaque fois et se répète dans ce Mondial. Les adversaires résistant tant qu’ils le peuvent. Puis craquent physiquement pour finir par exploser. Le jeu collectif n’est pas le plus huilé. Mais pourquoi s’en inquiéter quand chaque joueur peut faire de telles différences individuelles ? Avec 101,5 points de moyenne par match en 40 minutes (contre 48 en NBA), soit 20 de plus que son adversaire en finale (81,4), l’équipe américaine règne sur cette Coupe du monde. La Serbie peut-elle les priver d’or ? A priori, non. Mais l’exploit reste possible. « On va jouer contre une très bonne équipe, insiste coach K. Ils sont plus expérimentés que nous, ils jouent ensemble depuis plus longtemps. » Il faudra surtout y croire. Présenter des extérieurs sublimés et des intérieurs affamés. Tenir le coup physiquement, au courage, à l’envie. Les faire douter. Du presque parfait, quoi. Garder le palmarès le plus garni du Mondial (cinq titres pour la Yougoslavie, quatre pour les USA) sera à ce prix.