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"Il faut tout de suite qu’il puisse envoyer du lourd", Que doit faire Tony Parker pour devenir coach?

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Légende du basket français, joueur, meneur, capitaine, président, Tony Parker a occupé tous les rôles ou presque. Manque quand même celui de coach, et son interview jeudi expliquant qu'il y pensait a fait du bruti sur les parquets.

Tony Parker, futur coach? L’annonce fait du bruit dans le basket français et ses anciens sélectionneurs saluent l’initiative du quadruple champion NBA. 

Alain Weisz fut son premier sélectionneur en Equipe de France en 2001. Le technicien est séduit par la volonté de son ancien joueur : “Tony est un leader. Je l’avais nommé capitaine de l’équipe car il avait une grande détermination par rapport à la victoire mais aussi la réussite de son équipe. Je pense que Tony est un champion qui a toujours vécu avec la pression avec beaucoup d’adrénaline. Je pense que ça doit lui manquer. Le terrain doit lui manquer. C’est un homme de challenge.” 

Même constat pour Claude Bergeaud qui a eu Parker en bleu de 2003 à 2007 et une première médaille internationale à l’Euro 2005 (Bronze) : “ Ma première réaction est une forme de satisfaction. On ne peut que se réjouir. Il parle de Zizou, de Titi. Tous ses potes-là, et c’est ce qui est intéressant, cela montre que les grands des sports, se reconvertissent par le terrain." 

"Tony Parker peut rendre un service énorme au coaching français"

Meilleur joueur de l’histoire du basket français, Tony Parker est une icône. Son envie de désormais entraîner, peut aussi mettre en lumière les techniciens français peu reconnus à l’étranger que cela soit en Europe ou en NBA. “Cela fait 30 ans qu’on n'a pas eu de coach à l’étranger dans un club majeur (ndlr : Grégor Beugnot à Varese en Italie en 2001-2002. Je pense que c’est magnifique pour le basket français qui est en déficit de considération par rapport aux décideurs, les dirigeants des grands clubs européens. Même Vincent Collet qui a tout gagné avec l’équipe de France, qui a été champion de France avec Le Mans et l’ASVEL, on ne peut pas dire que les gens se soient rués sur lui pour le recruter. Tony peut rendre un service énorme aux coachs français.” 

Mais à condition d’avoir des résultats rappelle Claude Bergeaud : “Il faut qu’il réussisse et s’il réussit bien sûr qu’il va amener des gens derrière lui.” 

"Il faut démarrer très haut"

Quel début pour Parker une fois le diplôme en poche ? C’est la question qui brûle les lèvres ? Où et comment Parker peut lancer sa carrière de coach ? 

“Il doit démarrer très haut, explique Bergeaud. Le plus mauvais des services qu’il pourrait se rendre, c’est de dire je vais commencer petit. Il ne saura pas faire en Nationale 1 (3e division). Il n’aura pas assez de joueurs avec toutes ses connaissances. Il faut tout de suite qu’il puisse envoyer du lourd. NBA, Betclic Elite, il faut voir ce que l’Europe peut lui proposer.” 

Constat partagé par Weisz: "S’il se met au coaching, ce n’est pas pour aller coacher une équipe d’excellence régionale. C’est pour aller au plus haut niveau. Peut-être qu’il pourra avoir un poste d’assistant en NBA ou peut-être même head coach parce qu’il est très populaire à San Antonio. Mais s’il commence sa carrière en Europe, il faudra effectivement qu’il fasse ses preuves. Il est très humble et réaliste." 

Sélectionneur de l’équipe de France un jour ? 

Tony Parker n’a jamais cessé de clamer son amour pour le maillot de l’équipe de France. Le mariage fait sens pour les deux anciens sélectionneurs. “Je ne veux pas insulter l’avenir ni les gens qui sont en place mais si Tony Parker devient entraîneur diplômé et qu’à un moment donné, il est disponible, les portes de l’Equipe de France s’ouvriront à lui, prédit Alain Weisz. Quand Zidane a pris le Real Madrid, il était simplement l’entraîneur de l’équipe réserve même s’il avait assisté Ancelotti.” 

Mais Parker peut très bien aussi passer par l’étape du coach assistant en sélection, un modèle déjà vu rappelle Bergeaud : “C’est la meilleure des écoles. Ce qu’a fait Valérie Garnier avec Alain Jardel (chez les femmes), Vincent Collet avec Alain Weisz, c’est savoir y être et savoir ce qu’il s’y passe et voir la vitesse à laquelle vont les choses. Cela va très vite un rassemblement. Donc il ne faut pas moisir.” 

En annonçant son inscription à la formation délivrant le DES, le Diplôme d’Etat Supérieur, Tony Parker suit le cursus classique pour devenir coach. Une initiative saluée par ses pairs : “C’est une preuve de sagesse, poursuit Bergeaud. Ceux qui se sont lancés directement, cela a été éphémère et au bout d’un certain temps, ils se retrouvent en souffrance sur toutes les méthodologies d’apprentissage. Les anciens joueurs pensent qu’il suffit de dire aux joueurs pour qu’ils le fassent. Ce qui est important, c’est de savoir pourquoi on va faire ça ? Qu’est-ce qu’on fait ? Comment on le fait ? Il ne faut pas être dans le quoi et le comment. Il faut expliquer pourquoi on le fait. Il va découvrir la partie cachée de l’iceberg. Les fondamentaux à la fois pédagogique et managériale.”  

Alain Weisz note que TP ne veut pas griller les étapes : “C’est important que tout le monde passe les diplômes. Cela serait un passe-droit considérable de les lui donner. Alors c’est vrai qu’aux Etats-Unis, il n’en aurait pas besoin. C’est une marque de respect. “Je ne veux pas de passe-droit. Je vais faire ce qu’a fait Zidane qui a posé ses fesses à un moment donné sur les bancs de l’université à Limoges” (ndlr : Au Centre de Droit et d’Economie du Sport, Zidane a passé un diplôme de manager général de club sportif.)” 

Arnaud Valadon