Limoges-Pau, sommet de la nostalgie

Entre 1983 et 2001, les deux clubs ont remporté seize titres nationaux. Ici Frédéric Forte (Limoges) face à Frédéric Faurthoux (Pau-Orthez). - -
C’est le genre d’affiche qui sent bon la chaussure de sport de marque américaine, les chaussettes blanches et le basket de papa-maman. Quand, isolés sur les parquets hexagonaux, Limoges et Pau égayaient leurs semaines face aux cadors du continent, Split, Bologne ou Madrid. Et pas pour jouer les faire-valoir. Six Coupes d’Europe à eux deux, dont la Coupe des clubs champions remportée par le Cercle Saint-Pierre (CSP) en 1993.
Richard Dacoury, Jim « Trampoline » Bilba ou Willie Redden pour Limoges brettaient alors contre les frères Gadou et Antoine Rigaudeau pour Pau-Orthez. Et le vainqueur ressortait presque à coup sûr champion de France. Entre 1983 et 2001, les deux clubs historiques du basket français (avec Villeurbanne) ont raflé 16 titres nationaux. En 2000, lors de leur dernière confrontation en phase finale, Limoges avait sorti Pau-Orthez en demi-finale avant d’être couronné.
Mais depuis 2004, Pau a perdu son « meilleur ennemi » limougeaud lorsque le CSP a déposé le bilan et s’est retrouvé en Nationale 1. Cause différente, même effet, Pau est tombé en Pro B depuis le début de saison après un exercice 2009 exécrable dans l’élite. Revoilà pourtant les deux clubs unis par les liens sacrés du basket au sommet du classement de la Pro B avant le match de ce soir à Beaublanc. Pau devance d’un point les joueurs de Haute-Vienne et, pour tous les deux, c’est objectif montée : «Ca va être extrêmement difficile compte tenu du contexte hostile qu’on nous promet, avance Claude Bergeaud, aujourd’hui directeur général du club des Pyrénées-Atlantiques. Il y a un engouement terrible sur ces matchs. Ils excitent les foules et le monde du basket compte tenu des palmarès respectifs. »
La passion est la même
Tout est reparti comme au bon vieux temps, même si la voilure n’est plus la même des deux côtés : on recommence à zéro, petits budgets, joueurs du centre de formation, anciens au pouvoir. La passion est la même, le Palais des Sports de Pau et Beaublanc font le plein de milliers de fans chaque week-end.
Les moments d’anthologie à forte intensité dramatique sont encore dans toutes les têtes. Finale du championnat de France 87 dans l’antique salle de la Moutete à Pau. Limoges mène d’un point. Le temps règlementaire est terminé. Mais Freddy Hufnagel est au bout de la raquette avec deux lancers-francs qui peuvent donner le titre à Pau. Le grand Freddy frappe deux fois et terrasse Limoges. Instantané d’une rivalité qui a vu passer presque tous les meilleurs joueurs et entraîneurs du basket français. Une certaine idée du basket, à un moment où la France ne comptait aucun joueur NBA. Une madeleine de Proust qui aurait gardé toute sa saveur…