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Les derniers obstacle à lever avant l'arrivée de la NBA en Europe

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Alors que la NBA a lancé officiellement ses démarches vers la création d’une ligue européenne, plusieurs enjeux ou obstacles devront être levés et discutés pour le démarrage de cette nouvelle compétition européenne.

• L’ASVEL liée à l’Euroleague

Titulaire depuis 2021 d’une licence permanente dite licence A, l’Asvel est le seul club français à être assuré chaque saison de participer à l’Euroleague. Le club rhodanien est lié via un pacte d’actionnaires aux 12 autres clubs: Anadolu, Barcelone, Baskonia, Bayern Munich, Fenerbahçe, Maccabi Tel-Aviv, Olimpia Milan, Olympiacos, Panathinaïkos, Real Madrid, Zalgiris Kaunas et CSKA Moscou (actuellement suspendu).

Les clubs peuvent quitter le championnat sans frais si tout le monde est d’accord à l’unanimité. En revanche, si des clubs individuellement comme le Real Madrid, le FC Barcelone et l’Asvel souhaitent partir, ils devront s’acquitter d’une pénalité financière versée à l’Euroleague. Cela ne concerne pas le Paris Basketball et Monaco qui sont des clubs invités et associés. Leur statut fait qu’ils perçoivent moins de revenus que les clubs titulaires de la licence A.

• QSI/PSG ou Paris Basketball, un duel Nike-Adidas?

C’est peut-être l’un des obstacles majeurs à une union entre le PSG, dont les propriétaires qataris ont été contactés par la NBA, et le Paris Basketball. C’est aussi l’opposition entre les deux équipementiers mondiaux. Le PSG est historiquement lié à Nike, le contrat court jusqu’en 2032 avec 80 millions d’euros versés au club parisien.

Le Paris Basketball possède lui Adidas comme équipementier mais joue surtout à l’Adidas Arena de la Porte de la Chapelle. Le contrat de naming liant la marque aux trois bandes et Paris Entertainment Company (propriétaire de la salle ainsi que de l’Accor Arena) court jusqu’en 2029. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le PSG Handball ne joue pas quelques matchs de prestige à l’Adidas Arena. Adam Silver, dans sa conférence de presse commune avec le secrétaire général de la Fiba, Andreas Zagklis, a précisé que la NBA ciblait des villes avec des salles déjà existantes. Pour Paris, il y a soit l’Adidas Arena, soit Bercy pouvant accueillir régulièrement du basket.

• Le marché du Moyen-Orient, enjeu central

La NBA convoite depuis longtemps les pétrodollars du Moyen-Orient. Depuis 2022, la ligue américaine organise des matchs de présaison aux Émirats arabes unis. La NBA souhaite voir Manchester City et son propriétaire émirati, le cheikh Mansour, intégrer la future ligue européenne. Mais l’Euroleague vient aussi de nouer un partenariat avec les Emirats arabes unis puisque moyennant un chèque estimé à plus de 25 millions d’euros, Abu Dhabi accueillera le Final Four en mai prochain.

La création d’un club basé au Moyen-Orient - à Dubaï - et intégrant le championnat européen est même en discussion depuis plusieurs saisons. Le club de Dubaï joue même dans le championnat des Balkans, l’ABA League, en compagnie du Partizan Belgrade et de l’Etoile Rouge. Le Président de la Fédération internationale de basket (Fiba) est le cheikh qatari Saud Ali Al-Thani. La prochaine Coupe du monde et évènement qualificatif pour les Jeux olympiques de 2028 aura lieu au Qatar en 2027, ce qui donne encore plus de force aux liens entre le duo NBA-Fiba et les pays du Golfe.

La Fiba grande gagnante

En s’alliant avec la NBA depuis plusieurs années, notamment avec le lancement de la BAL (Basketball Africa League), la Fiba prend en tout cas sa revanche sur l’Euroligue et sa structure privée. En 2000, l’Uleb (Union des Ligues Européennes de Basket et ancêtre de l’Euroligue) a décidé de faire scission avec la Fédération internationale et son entité européenne. Composée des clubs européens les plus riches, l’Uleb lance son Euroligue en utilisant le terme "Euroleague" qui n’avait jamais été déposé par la Fiba. La Fiba lance de son côté sa propre compétition européenne, la Suproleague. Les clubs français, via la LNB, sont interdits de participer à l’Euroligue et doivent concourir en Suproleague. Cette cohabitation ne durera qu’une saison car en 2001, la Fiba se rallie à l’Uleb.

Mais le réel schisme intervient en 2009 quand l’ECA (Euroleague Commercial Assets), structure privée créée en 2006, organise sa propre compétition au nez et à la barbe de l’Uleb et la Fiba. Le clash est définitif en 2015 quand la Fiba lance la BCL (Basketball Champions League) pour concurrencer l’Euroligue. Mais l’Euroligue, plus forte économiquement avec les meilleurs clubs, gagne le bras de fer. Une des conséquences est le conflit de calendrier entre le championnat "Euroleague" et la création de fenêtres internationales pour les pays avec des matchs de qualifications pour les compétitions Fiba de nations en plein milieu de la saison en novembre et février. Encore cette année, en novembre, les joueurs français d’Euroligue n’ont pu être sélectionnés par Freddy Fauthoux. En février, c’était possible puisqu’un petit pas en avant avait été fait entre Fiba et Euroleague.

Au-delà de la guerre d’égos latente sur l’organisation des compétitions sur le continent européen, la Fiba s’est rapprochée depuis plusieurs années de la NBA. Mark Tatum, le numéro 2 de la NBA, siège au comité exécutif de la Fiba. Les liens sont plus solides d’autant que la NBA voit d’un bon œil l’exposition de ses joueurs lors des compétitions internationales et évidemment le tournoi de basketball aux Jeux olympiques conjointement organisé par la Fiba et le CIO.

Arnaud Valadon