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Turiaf : « Comme du bétail »

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Proche de Boris Diaw, Ronny Turiaf réagit au transfert de son ami de Phoenix à Charlotte.

Ronny, vous venez de gagner deux rencontres (Milwaukee et Oklahoma) après avoir subi neuf revers consécutifs. Satisfait ?
C’est toujours bon à prendre. Franchement, ça fait du bien. Mais finalement, on avait peut-être besoin de perdre tous ces matchs pour se remettre en question. Les joueurs et le staff ont dû admettre que la situation qu’on prenait sur le plan du jeu n’était pas la meilleure. Nous avons effectué une grande réunion à la demande de Don Nelson. Le coach a été très clair. Il nous a dit : « Les gars, ça fait maintenant 20 ans que j’entraîne. Et ça ne m’amuse pas de vous entraîner. Donc changez votre façon de jouer sinon, il faudra trancher. Il y en aura un de nous qui partira. On ne se fait pas plaisir sur le terrain, il faut arrêter de prendre ses shoots en première intention. Faisons-nous des passes, montrez moi que vous avez envie de jouer ensemble. »

Et cela s’est traduit par deux victoires et de votre côté, vous existez enfin offensivement…
J’ai changé ma routine d’avant match. Je pense à moi pour être dans de bonnes dispositions mentales. Avec le discours du coach, mes coéquipiers pensent à moi, ils font tourner la balle. Et au bout d’un moment, la balle finit dans mes mains. Après, j’ai deux solutions : shooter ou faire la passe. Immédiatement, ça se traduit par de meilleures statistiques (9 points, 5 rebonds, 4 passes et 4 contres face à Oklahoma, 11 points, 5 rebonds, 2 passes et 4 contres face à Milwaukee). Ca y est, je sens qu’il se passe quelque chose dans l’équipe. Ca fait vraiment plaisir parce que ce n’est pas facile d’être sur le parquet et de finir avec 0 point au compteur, même si je joue avant tout pour l’équipe.

Il y a quelques jours, vous déclariez avoir mal à la tête, que la transition avec les Lakers et les Warriors étaient difficiles à vivre. C’est un discours qu’on entend rarement chez vous.
C’est vrai, je suis quelqu’un de positif. Mais quand je dis que j’ai mal à la tête, c’est que je ne suis pas bien. Vous savez, c’est dur d’enchaîner les défaites, de rester sur le banc et de regarder ses coéquipiers perdre. J’aime jouer au basket, j’aime me faire plaisir. Et ces derniers temps, ce n’était pas le cas. On jouait mal. C’était compliqué à vivre. J’ai été habitué pendant trois ans à gagner avec les Lakers. Je trouvais ça normal. Mais ce n’est pas la réalité. En NBA, il y a des équipes fortes et d’autres qui le sont un peu moins. Aujourd’hui, je fais partie de ce deuxième groupe.

Il y a un autre joueur qui vit des moments difficiles, c’est Boris Diaw, qui a été transféré la nuit dernière de Phoenix à Charlotte…
J’en parlais hier avec mes amis. Les joueurs NBA, c’est comme du bétail. Un jour on est là et le lendemain, on se retrouve sous un nouveau maillot. C’est comme ça, nous n’avons pas notre mot à dire. Il faut se tenir prêt, on ne sait jamais ce qui va se passer. J’ai eu l’occasion d’aborder le sujet avec Boris. Il était à Phoenix, au restaurant, pendant que ses anciens coéquipiers jouaient à Los Angeles. Il était frustré, surtout qu’il se sentait vraiment chez lui à Phoenix. Il venait de s’installer dans sa nouvelle maison. Il se demandait aussi comment il allait faire avec ses deux nouveaux chiens. Quand tu dois débarquer dans une nouvelle ville, c’est dur parce que tu n’as plus très repères, tu ne connais personne. J’ai connu le même problème à Oakland.

Vous l’avez senti abattu ?
Non, pas du tout. Il est motivé, il veut prendre aussi sous son aile Alexis Ajinca pour le faire progresser. Il va jouer le rôle du grand frère.

Mais sur le plan sportif, c’est un coup dur.
C’est le jour et la nuit entre Phoenix et Charlotte. Boris va devoir se montrer fort mentalement. Mais je ne m’inquiète pas pour lui, Boris est un professionnel. Il aime le basket, il aime relever les challenges. Il peut apporter quelque chose à l’équipe des Bobcats.

La rédaction