"Un projet qui va devoir s’affiner mais très bon pour le basket européen": le président de la Ligue nationale de basket séduit par l'option NBA Europe

Au lendemain de l’annonce d’un partenariat NBA–FIBA pour la création d’une ligue estampillé NBA en Europe, le président de la Ligue nationale de basket se réjouit de ce rapprochement qui respecterait les ligues nationales et le mérite sportif.

Philippe Ausseur, comment avez-vous pris l’annonce de la NBA et la FIBA de lancer une ligue en Europe?

Je n’ai été ni surpris ni déçu, au contraire. Je trouve qu’à ce stade, puisque la NBA parle d’exploration, elle prend le bon chemin. On a eu la chance d’être informé en amont par la FIBA, évidemment sous embargo et avec le respect strict de la confidentialité. Je voudrais remercier la FIBA et son secrétaire général Andreas Zagklis d’avoir évidemment échangé avec l’ULEB (Union des Ligues Européennes de Basket) et les ligues nationales et d’avoir pris en compte nos remarques. Je trouve que c’est un projet qui va devoir s’affiner, se préciser mais c’est un très bon projet pour le basket européen.

Vous avez été sensible au propos d’Adam Silver qui a indiqué vouloir préserver les traditions européennes comme les promotions/relégations, les calendriers, l’aspect ouvert et non totalement fermée de la future ligue?

Vous avez cité un certain nombre de points qui auraient pu être des lignes rouges. Le premier sujet, même si c’est plus du ressort des fédérations, c’est de respecter les fenêtres internationales dans le contexte du basketball européen. C’est indispensable pour nos sélections et elles sont indispensables pour asseoir un peu plus le basket dans le paysage des sports professionnels. Donc ça, c’est très positif. Le deuxième point très positif, c’est le fait de respecter nos ligues et nos championnats nationaux. Là aussi, compte tenu de ce que nous sommes, c’est-à-dire un continent de pays et non pas un pays continent comme les Etats-Unis, c’est quelque chose qui était indispensable parce qu’on le voit bien, le système pyramidal d’aujourd’hui est celui qui marche le mieux. Le fait qu’effectivement, la NBA s’appuie sur les ligues nationales, c’est un point très fort. Le fait que l’on puisse encapsuler ces différents niveaux, c’est très important. De façon générale, je trouve que la déclaration d’Adam Silver qui dit qu’on va prendre le meilleur des deux mondes, il aurait pu dire le meilleur des deux cultures basket, je trouve que c’est une déclaration qui va dans le bon sens. Mais c’est aussi une déclaration empreinte de beaucoup de pragmatisme et de lucidité sur laquelle on peut s’appuyer pour bâtir le meilleur du basket européen pour demain.

Etes-vous confiants sur le fait qu’une équipe comme Cholet, leader du championnat, puisse avoir accès à de grands rendez-vous européens alors qu’il ne participera pas à la "NBA Europe"?

Sans vouloir tirer des plans sur la comète ou divulguer un certain nombre de choses que l’on comprend, c’est une ligue qui est semi-ouverte ou semi-fermée. Faisons en sorte dans le dialogue qu’elle devienne encore plus semi-ouverte. De ce que l’on comprend, c’est qu’il y aurait un passage entre la BCL (Basketball Champions League) et pourquoi pas les championnats nationaux et cette compétition qui va se créer. C’est une très bonne chose pour que l’ensemble du basket européen soit embarqué. Tout en comprenant la culture américaine qui est une culture de ligue fermée. On est évidemment sur une dose plus ou moins importante de méritocratie sportive qui est importante dans la culture et l’ADN du basket européen. Je pense qu’on va vraiment dans la bonne direction. Ce qui est probablement la faiblesse historique et actuelle de l’Euroleague, d’avoir réussi une compétition sportive, mais d’avoir eu deux faiblesses en se coupant des ligues nationales et de ne pas avoir trouvé le modèle économique pour être au moins à l’équilibre pour l’ensemble des clubs.

Est-ce que c’est une revanche de la FIBA sur l’Euroligue?

L’horizon donné par Adam Silver est de continuer à l’élaborer le meilleur projet et ça laisse le temps à ce que la raison l’emporte. Je crois que cela met une pression positive sur l’ensemble des acteurs et l’Euroligue pour qu’on arrive à l’issue la plus positive. Il ne faut pas de revanche. Ce qui a été fait, a été fait et cela a démontré un certain nombre de points positifs notamment sur le côté sportif. Je crois que cala va obliger à respecter les instances que sont la FIBA et l’ULEB. J’ai toujours milité pour un guichet unique au niveau des attentes et des souhaits des pays. Ce guichet, c’est la FIBA.

Quel choix pour Cholet?

Actuel leader du championnat de France, Cholet Basket ne fait pas partie des plans pour une NBA Europe. Ancien participant de l’Euroleague en 2010 – 2011 après le titre de champion de France, le club des Mauges suit avec distance la création de cette nouvelle entité et se pose aussi la question de la formation: "Pour le moment, c’est un petit peu nébuleux, confie Jérôme Mérignac président de Cholet Basket. C’est un championnat supplémentaire. C’est encore trop tôt pour se positionner. Enfin quand je dis se positionner, il est sûr qu’on ne va pas postuler pour intégrer cette NBA Europe (rires). On reste dans notre configuration par rapport à notre ville, nos spectateurs avec une jauge à 6 000 personnes. On n’est pas dans le même monde avec les budgets. Nous à 6 millions comparés aux 15, 20 et 30 avec Monaco. Je ne sais pas s’ils vont instituer un système de draft par rapport à cette NBA Europe et là ça pourrait nous servir parce qu’on pourra faire grimper des jeunes de notre centre de formation avec peut-être une deuxième draft pour ce championnat européen. On pourrait avoir de nouvelles ressources pour nous aider à fabriquer notre équipe. Ils envisagent de lancer cette ligue pour 2026. C’est beaucoup d’interrogations."

Propos recueillis par Arnaud Valadon