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Armstrong, le « cocktail » du « tyran »

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Dans la première partie de sa confession chez Oprah Winfrey, jeudi soir aux Etats-Unis, l’Américain s’est décrit sans mollir comme un leader d’équipe qui tournait à l’EPO et qui a tout fait pour préserver ses intérêts.

EPO, transfusions et testostérone
« Oui, j’ai pris de l’EPO, j’ai pratiqué des transfusions sanguines, j’ai pris d’autres produits comme de la testostérone. J’ai commencé au milieu des années 90. Mon cocktail : EPO, transfusions et testostérone. J’ai fait ça sur mes sept Tours de France. Ce n’était pas possible de faire ce que j’ai fait sans ça. Comment ça marchait ? Pour tout expliquer, il faudrait du temps… Est-ce que c’était le dopage le plus sophistiqué de l’histoire du sport ? Non, c’était professionnel et malin, mais c’était traditionnel. Ce n’était pas plus sophistiqué que le programme en Allemagne de l’Est. Motoman (le coursier), les hôtels, c’est vrai. La dernière fois que j’ai franchi la ligne rouge, c’était en 2005. Il n’y a pas eu de dopage en 2009/2010. Est-ce que c’était systématique dans l’équipe ? J’étais le leader, je donnais l’exemple. Je pouvais ‘virer’ un coureur, mais je ne l’ai pas fait. Il n’y a pas eu de pression verbale, ça n’a pas existé. Ce n’est pas vrai ce que dit Christian Vande Velde, que je forçais les coureurs. »

L’ordonnance antidatée
« Je n’avais pas peur (des contrôles). Deux choses ont changé, il n’y avait pas de tests hors compétition. En course, on était propre, c’était une affaire de timing. Et il n’y avait pas de passeport biologique. Ça marche vraiment bien. Je n’ai jamais été positif. Ceux de 99 l’ont été rétroactivement, mais je n’ai jamais été positif après un test. Je suis passé à travers des centaines de contrôles parce qu’il n’y avait rien dans le système. Il n’y a pas eu de test positif sur le Tour de Suisse (en 2001), il n’y a pas eu de meeting secret avec l’UCI, je n’ai pas donné d’argent en échange d’une protection (en 2002). C’est l’UCI qui m’a demandé de l’argent, ils en avaient besoin, mais ce n’était pas un ‘deal’. Je ne suis pas fan de l’UCI. Il y a eu les tests rétroactifs de 1999 en 2005, et ça, ça été une grosse histoire. Il y a eu le test positif à la cortisone en 1999, ça c’est exact. Le médecin m’a fait une ordonnance antidatée. »

Le tyran du peloton
« J’essayais de tout contrôler, j’étais un connard arrogant. Toute ma vie, j’ai attaqué quand on disait quelque chose que je n’aimais pas. Depuis que je suis enfant. J’étais un compétiteur avant mon cancer, mais pas un compétiteur acharné. Après mon diagnostic, je me suis dit que je ferai tout pour survivre et c’était bien. Ensuite j’ai transposé ça au vélo et c’était mal. Je voulais gagner à tout prix. J’ai attaqué beaucoup de personnes parce que je me sentais menacé, ils entraient dans mon territoire. Cette histoire était trop parfaite depuis trop longtemps. C’était un mythe. Je me suis perdu là-dedans. J’ai rappelé des gens. Emma O’Reilly (ancienne soigneuse chez US Postal), je lui ai présenté mes excuses. Betsy et Frankie Andreu, je leur ai parlé 40 minutes, mais c’est trop peu pour être pardonné. Je l’ai traité de folle, de salope. George Hincapie est le plus crédible d’entre tous, il a fait les 7 Tours avec moi. Le tournant, c’est Floyd Landis. »

Sa collaboration avec le Dr Ferrari
« Je vois Ferrari comme quelqu’un de bien et d’intelligent et je continue de le penser. Il n’était pas le cerveau, je ne vais pas parler d’autres personnes. D’un point de vue du public, c’était certainement imprudent de travailler avec lui, mais j’ai fait beaucoup de choses imprudentes à cette époque. Je ne peux pas dire que tout le monde le faisait. Je ne veux pas parler d’autres personnes, accuser. Je suis allé dans la culture du dopage, mais je ne l’ai pas initié. Cela faisait partie du boulot. Je ne réalisais pas que je trichais, c’est terrible. C’est trop tard pour la plupart des gens, c’est entièrement de ma faute, c’est un grand mensonge que j’ai répété. (Sur son discours destiné aux ‘sceptiques’ après son 7e Tour de France) J’ai fait des erreurs et ça, c’en est une. C’était l’une des premières fois qu’ils (les organisateurs) donnaient le micro. C’est sorti tout seul. En revoyant ça, je ne me sens pas bien. L’histoire est maintenant tellement moche. »

L’USADA, l’avenir…
« Je regrette d’être revenu (en 2009, ndlr). Je ne serais pas assis là aujourd’hui. Il y a eu deux ans d’enquête fédérale, beaucoup de gens ont parlé. Et puis l’USADA. On leur proposait des deals. Je n’ai eu aucune influence sur la décision de la justice de laisser tomber. Si je pouvais, je ferais tout pour aller aux devants de l’USADA, je ne me battrais pas, je ne poursuivrais pas, je dirais, j’appellerais mes proches, la fondation, les sponsors. Je n’ai pas respecté la règle, j’ai abusé de mon pouvoir. Si on m’invitait à témoigner dans le cadre d’une commission de vérité et de réconciliation, je serais le premier à la porte. »