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Pitel, « grande soeur » sort de l’ombre

Edwige Pitel

Edwige Pitel - -

Enfin débarrassée de l’ombre encombrante de Jeannie Longo, Edwige Pitel, 45 ans, sera l’une des deux représentantes tricolores lors du contre-la-montre des championnats du monde, ce mardi à Valkenburg (Pays-Bas).

« Elle a le même âge que ma maman », dit d'elle la coureuse Audrey Cordon, 23 ans, qui prendra ce mardi le départ du contre-la-montre dames des Championnats du monde de cyclisme sur route à Valkenburg aux Pays-Bas. Elle, ce n'est pas encore Jeannie Longo, 53 ans, qui semble finalement disparaître du paysage de cyclisme féminin français après ses résultats en demi-teinte et des affaires sombres où son nom est encore cité. Non, « elle », c'est Edwige Pitel. A 45 ans, celle qui fut championne de France sur route en 2007 (et du chrono en 2004 et 2005) est désormais la grande soeur des Bleus. Elle sera l'une des deux engagées françaises ce mardi sur le chrono des Mondiaux de Valkenburg. « Pour nous ici, c’est la seule occasion de voir des journalistes, remarque-t-elle. La pression, je m’en passerais bien. »

Bien que déterminée, Pitel refuse notamment d’annoncer clairement son objectif : « J’ai un chiffre au fond de moi-même mais je ne préfère pas l’afficher parce que je n’ai pas assez de référence ces dernières années. » Et pour cause, pendant toute sa carrière, Pitel a vécu dans l'ombre de Jeannie Longo. « Au niveau des résultats, elle n’a rien fait, mais c’est elle qui a occupé la scène médiatique, soupire la coureuse tricolore. Cela s’estompera peut-être avec le temps, mais oui, ça m’embête ! Quand je l’ai battue, ce n’était pas Pitel qui avait gagné mais Longo qui avait perdu. Et l’année d’après, c’était "Pitel a battu Longo." Bref, on ne pouvait jamais s’empêcher de mettre son nom. On aimerait bien avoir un traitement égal. »

« Donner des conseils aux jeunes »

Désormais, Pitel peut enfin essayer de briller à son tour. Aux derniers Championnats de France de contre-la-montre à St-Amand-les-Eaux (Nord), elle avait carrément fondu en larmes après avoir terminé à la troisième place de l'épreuve, juste devant sa rivale de toujours. Aujourd’hui, cheveux bruns, le regard craintif, elle s'énerve que l'on parle encore de Longo alors que se profile enfin une nouvelle génération de filles prometteuses : les Ferrand-Prévot, Cordon ou Biannic. « C’est toujours bien de donner quelques conseils aux jeunes, glisse celle qui, à l'inverse de Longo, réside avec toute l'équipe de France dans l'hôtel réservé pour les Mondiaux. Compte tenu de mon âge, je me sens comme le dernier maillon de l’ancienne génération qui fait de la résistance (rires). » 

Edwige Pitel veut transmettre aux jeunes qui arrivent. « C'était impossible avec Jeannie, dit Cordon. Pitel, elle m'apporte énormément tous les jours. » Une « capitaine de route » selon Cordon, qui regarde donc avec tendresse et espoir cette nouvelle génération qui arrive, même si elle, à 45 ans, n'a pas encore l'intention de s'arrêter.

Aurélien Brossier avec GQ à Valkenburg (Pays-Bas)