Ciprelli, l'ombre de Jeannie

Patrice Ciprelli, toujours dans l'ombre de sa femme, Jeannie Longo. - -
Le milieu de la « petite reine », où les sourires cultivent souvent le factice, ne l’a jamais vraiment accepté. Sans, non plus, réussir à le connaître. Tantôt entraîneur envahissant, tantôt gourou maniaque et perfectionniste, toujours « mari de ». Une ombre nimbée de mystère, simple patronyme accolé d’un tiret au plus célèbre nom du cyclisme féminin français. Patrice Ciprelli, 56 ans, coach et époux de Jeannie Longo, n’a jamais déclenché des excès de tapes dans le dos au sein du monde du cyclisme. Pas assez intégré, trop dans son truc. « On le perçoit un peu bizarrement. C’est discrétion maximale », juge Hervé Gérardin, organisateur du Trophée des Grimpeurs (remporté cinq fois par Jeannie). Son homologue du Chrono des Nations (six victoires pour Longo), Christian Tessier, confirme l’impression : « Le peu que je connais de lui, c’est quelqu’un de correct, courtois, discret. Mais il est vraiment en retrait, toujours derrière, dans l’ombre de Jeannie. » Avec cette double question toujours collée aux boyaux. Entraîneur de grande qualité ? Ou bénéficiaire du talent hors normes de « la Longo » ?
Ciprelli reste celui qui aura façonné la carrière de la championne. Le poseur de la première pierre. Celui qui la convaincra, à la fin des années 70, d’abandonner les pistes blanches du ski – grâce auquel ils se sont rencontrés à Grenoble – pour embrasser l’amour du vélo. Un ancien skieur et cycliste de bon niveau, le sport chevillé au cœur et au corps, qui la poussera, à coups d’obsession des détails, à exploiter au mieux son potentiel sans équivalent. « Il est perfectionniste à l’extrême, explique un proche qui connaît le couple depuis 20 ans mais a souhaité conserver l’anonymat. C’est un chirurgien, capable de venir resserrer quelque chose d’un demi-millimètre sur le vélo avant le départ. » Un « incroyable technicien », dixit notre témoin, qui s’affranchira, avec sa Jeannie, de la tutelle de l’équipe de France pour former un couple atypique.
Longo : « Il m'a toujours trouvé belle sur un vélo »
« Il n’est pas entraîneur national mais, aux JO, il est accrédité donc il est avec elle dans la même chambre, raconte Christelle Ferrier-Bruneau, championne de France sur route 2011. Il est tout le temps là sur les courses. Elle est vraiment isolée avec lui lors des entraînements. Jeannie n’est pas dans le même hôtel, elle ne mange pas avec nous. » Un couple dans sa bulle. Sans enfant, les époux Longo-Ciprelli feront de la carrière de la première leur progéniture. Leur aventure commune, entre grandes joies et engueulades mythiques où Jeannie fait de Patrice le bouc-émissaire de ses déceptions. Le sport en mur porteur du couple. « Si je continue le vélo, c’est un lien avec lui, expliquait Longo il y a un an dans l’émission « Sept à huit » sur TF1. Si j’arrête, c’est fini. Il m’a toujours trouvé belle sur un vélo. Ça a été sa vie de s’occuper de moi. On est un drôle de couple. Il veut que je me dépasse tout le temps. Il pense que c’est pour mon bonheur. »
Les jambes pour elle, l’entrain pour lui. Coach et mari dans le flou de l’absence de cloisonnement entre les deux. Logique sentiment de trahison, donc, quand Patrice devient également l’entraîneur d’Edwige Pitel, l’une des rivales de Longo. Les relations du triangle feront jaser. « C’est un couple qui a fait sa vie ensemble sur le sport, poursuit notre témoin. Sur le terrain sportif, ils ne se font pas de cadeaux. Je me souviens d’avoir vu Jeannie épuisée sur une piste et lui qui lui demandait encore d’accélérer ! Mais ce n’est pas un gourou, comme j’ai pu le lire. C’est quelqu’un de très discret, secret, qui ne parle qu’aux gens qu’il connaît très bien. Pour moi, c’est un couple normal. Ils échangent énormément ensemble. » Y compris sur l’achat d’EPO ? Difficile à croire, répondent en chœur proches, observateurs et adversaires. Mais le simple fait de poser la question jette un voile sur l’histoire du couple. Une ombre, même, en attendant que toute la lumière soit faite.