Contador, l’ombre de lui-même

Alberto Contador a été à la peine jeudi dans la montée de Luz-Ardinen - -
Comme espéré, les masques sont tombés. Comme présagé, il a fallu attendre le final de cette première étape de haute montagne pour tirer des ébauches de conclusions. Car jusqu’à quatre kilomètres de l’arrivée au sommet de Luz Ardiden, à vrai dire, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent : des baroudeurs qui partent de loin, des favoris qui s’observent en chiens de faïence, un écrémage au train, et une course de côtes qui flirte avec la course d’attente.
Et puis vint l’offensive des frères Schleck qui, après s’être consultés, se sont enfin décidés à dynamiter un groupe de 18 hommes jusqu’alors lancé aux trousses de Samuel Sanchez (vainqueur de cette 12e étape) et Jelle Vanendert (2e). C’est d’abord Andy qui se dressa sur ses pédales. Comme un remake de l’édition 2010, seul Alberto Contador fut, dans un premier temps, en mesure de se caler dans la roue du Luxembourgeois. Deux cents mètres plus loin, c’est Fränk qui embraya. Une fois encore, le triple vainqueur du Tour réagit du tac au tac. Simple illumination avant l’éclipse totale. Car dans la foulée, l’aîné des frères Schleck planta une deuxième, puis une troisième banderille qui fut fatale au leader de la Saxo Bank-Sungard. « On voulait voir comment allaient se positionner les autres concurrents, explique Kim Andersen, directeur sportif de Leopard-Trek. Et quand on a vu que Contador n’était pas au mieux, on a attaqué ». Bien vu.
A. Schleck : « Contador est toujours dangereux »
Au final, Contador termine 8e de cette première des quatre grandes arrivées au sommet de ce cru 2011. Derrière les deux Schleck, Evans, Basso et Cunego, et dans un style haché et laborieux qu’on ne lui connaissait pas. Après les 1e et 2e étapes, l’Espagnol cède, surtout, de nouveau une précieuse poignée de secondes sur ses principaux rivaux pour la victoire finale. Ce soir, il pointe à 1’43 d’Andy Schleck, 1’54 d’Evans et 2’11 de l’autre Schleck, qui semble tenir la forme de sa vie. « Mais il reste dans le coup, nuance Andy, le cadet de la fratrie du Grand Duché. Il faut le garder dans la liste des prétendants car il est toujours dangereux. »
Si ce retard n’a rien de rédhibitoire sur le papier, « Contador aura du mal à refaire les niveaux », estime Cyrille Guimard, consultant RMC Sport. Pas faux, vu le niveau affiché par le protégé de Bjarne Riis. Jamais aux avant-postes ou en mesure de porter une attaque tranchante, Contador a clairement subi les événements et semblé en difficulté. La bouche ouverte, le coup de pédale moins rond que d’ordinaire, rien n’a semblé fonctionner.
En ce 14 juillet, Contador n’a perdu qu’une bataille, pas encore la guerre. Mais après cette première bataille de manivelles au sommet, il a désormais toutes les raisons de s’en faire une montagne.