Cyclisme: "Je n'étais plus heureux", le témoignage fort de Théo Nonnez qui a stoppé sa carrière après un burn-out

En avril 2021, Théo Nonnez, ancien jeune coureur de la Groupama-FDJ et ex-champion de France junior en 2016, a décidé de mettre fin à sa carrière à la suite d'un burn-out. Le jeune homme de 22 ans est venu expliquer son choix dans les Grandes Gueules du Sport ce dimanche sur RMC.
"J'ai eu le déclic: j'étais coupé de ma vie sociale, je n'étais plus heureux"
"J'ai été pris dans l'engrenage du sport de haut niveau, commence-t-il. Quand je suis passé chez les pros, me lever tous les matins était un plaisir, je m'entraînais avec du super matériel etc. Et au fur et à mesure, les contraintes se sont allourdies et l'investissement a grandi: en temps, en entraînement, en récupération... Et je me suis retrouvé à le vivre de moins en moins bien. Jusqu'au jour où j'ai eu le déclic: j'étais coupé de ma vie sociale, je n'étais plus heureux."
Il explique avoir pris conscience de tout ça le 23 décembre 2020, à la veille du réveillon de Noël: "Je vais m'entraîner, une grosse séance m'attendait, il pleuvait, et au bout d'une heure de vélo je me suis retrouvé à pleurer en pleine campagne, à me demander ce que je foutais là." Un point de non-retour qu'il évoque difficilement avec ses proches, notamment son père, fan de cyclisme.
"Je me sentais redevable"
"Ca a été compliqué d'accepter de la part de mes proches, parce que c'était une décision importante, témoigne-t-il. Les avis étaient mitigés mais eux me disaient que je n'avais pas de plan B. Ca a été beaucoup d'échanges et j'ai été très bien entouré avec mon équipe pour prendre du recul et prendre ma décision." Il décidera finalement de mettre fin à sa carrière au mois d'avril suivant.
"C'était compliqué d'accepter que tous les investissements que j'avais pu faire (tombent à l'eau), mes parents aussi, financièrement et en termes de temps... Je me sentais redevable, explique-t-il, interrogé sur le coût que représentait une telle décision. Mais j'étais arrivé à un point de non-retour, je n'avais plus le choix. Aujourd'hui je vais mieux. J'ai eu un suivi psychologique ensuite pour mettre des mots sur mes maux."
"Je voulais que ma petite expérience serve à d'autres jeunes"
Il raconte depuis n'être remonté "qu'une ou deux fois" sur son vélo d'entraînement, même s'il dit faire du Velib tous les jours. "Je reste un passionné de sports et de vélo, mais pour l'instant j'ai besoin de voir autre chose, assure-t-il, même s'il n'exclut pas travailler dans le monde du vélo un jour, vivant pour l'instant sa passion par procuration, en encourageant ses ex-coéquipiers sur les routes du Tour. J'ai vécu avec des oeillères pendant plusieurs années et là j'ai l'impression de redécouvrir la vie."
Sans plan B donc, Théo Nonnez a repris ses études en septembre, à 22 ans, après trois ans de pause durant lesquels il a "sacrifié son cursus scolaire pour sa vie professionnelle". Il est aujourd'hui en alternance dans une entreprise.
Pourquoi prendre la parole maintenant après plus d'un an de pause? Une volonté de "partager son message", après une prise de recul nécessaire. "Je voulais que ma petite expérience serve à d'autres jeunes qui peuvent se retrouver dans ma situation, insiste-t-il. Un an plus tôt si j'avais lu un récit tel que le mien, j'aurais peut-être pu mettre en place des aménagements dans mes entraînements, dans ma vie en général, qui auraient fait que je n'aurais peut-être pas atteint ce point de non-retour."