Dopage : Armstrong, un dossier à charge

L'équipe US Postal - -
Les charges
Sont reprochés au septuple vainqueur du Tour de France l’usage de méthodes et de substances interdites (EPO, transfusions sanguines, corticoïdes, produits masquants), la possession de substances interdites, le trafic de substances interdites, l’administration de substances interdites et l’encouragement à la pratique dopante auprès de coéquipiers, avec circonstances aggravantes (parjure, témoignages…).
Armstrong, le dealer
Les nombreux témoignages (26 personnes dont 15 coureurs) présentent Lance Armstrong comme une sorte de chef de trafic. En 1999, l'ancien coureur Tyler Hamilton raconte comment il venait s'approvisionner en EPO chez le Texan. Le rapport de l’Usada décrit : « Hamilton dit à Armstrong qu'il n'avait plus d'EPO. Armstrong dit à Landis de venir chez lui dans son appartement à Nice. Le Texan ouvre son frigo où il gardait des produits pour donner à Landis de l'EPO ». La même histoire est racontée par George Hincapie.
En 2002 avant le Tour de France, Floyd Landis explique que Lance Armstrong lui a donné « un paquet contenant des produits à base de testostérone. C'était dans son appartement de Saint Moritz, en Suisse ». Ce même Landis relate comment le « boss » invite ses coéquipiers à se faire extraire du sang chez lui, à Nice, pour avoir recours à des transfusions sanguines : « Landis est invité par Armstrong pour sa première extraction de sang. Le Texan prend la poche qu'il place soigneusement dans un petit réfrigérateur caché dans une armoire de sa chambre. A l'intérieur, il y avait plein d'autres poches. » Dont celle de George Hincapie, qui raconte la même version. Pratiquement tous les anciens coéquipiers du Texan chez US Postal expliquent que leur manager Johan Bruyneel leur demandait « d'aller chez Lance Armstrong pour leur « préparation ».
Comment a-t-il échappé aux tests ?
Selon son ex-coéquipier Jonathan Vaughters, Lance Armstrong s'est injecté de l'EPO dès 1998, lors de la Vuelta, qu’il termine à la quatrième place. A l'époque, les contrôles de cette substance ne sont pas encore au point. Le Texan en profite. Pour éviter que les gendarmes ne découvrent des produits illicites, la formation US Postal « se fait livrer de l'EPO sur le Tour de France grâce à un motard anonyme qui vient à l'hôtel le soir donner les paquets à Lance Armstrong ou au médecin de l'équipe ». L'histoire est racontée par les anciens équipiers Tyler Hamilton et Kevin Livingston. En 2001, Jonathan Vaughters explique faire part à Lance Armstrong « de ces inquiétudes d'être rattrapé par un test EPO ».
Selon lui, l’Américain le rassure : « Armstrong explique qu'il connaît tout des tests EPO. Il connaître les dosages pour être dans la zone grise, c'est-à-dire non positive. Lance explique que le test EPO est développé par le professeur Conconi. Il explique avoir quelques amis en commun avec Conconi, qui lui ont détaillé comment fonctionnaient ces tests. Parmi ces amis : le sulfureux docteur Michele Ferrari. Les ex-équipiers Floyd Landis et Tom Danielson expliquent également comment l'US Postal/Discovery Channel faisait pour que les transfusions sanguines ne soient pas détectées : « Ils s'administraient de l'EPO en petites doses pour stimuler la production de globules rouges, qui permettait de masquer les transfusions ». Plusieurs coureurs racontent également comme « la formation arrivait à savoir une heure à l'avance si, oui ou non, les coureurs allaient être contrôlés. Si c'était le cas, les contrôlés utilisaient de la saline, un produit qui permet de masquer l'EPO. »
Quelles preuves ?
Une multitude de témoignages sous serment accusent Lance Armstrong de pratiques dopantes lors de l'ensemble de ses sept succès sur le Tour de France, entre 1999 et 2005. Des échanges de mails avec certains coéquipiers, dont Tyler Hamilton, font état d’utilisation d'EPO. Des preuves de transactions financières entre Lance Armstrong et Dr Michele Ferrari font état de plus d'un million d'euros. Enfin, l’Usada présentent des preuves scientifiques : 9 échantillons sanguins « suspects » entre le 3 février 2009 et le 30 avril 2012, les résultats d'échantillons A positifs à l'EPO lors du Tour 1999 (mais sans les résultats des échantillons B) et quatre tests urinaires qualifiés de « suspects » par Martial Saugy, patron du laboratoire de Lausanne, sur le Tour de Suisse 2001. L'Usada ne dispose donc pas à proprement parler d'échantillons positifs. Peut-être la faiblesse de ce dossier.