
Dopage : comment l’UCI a préservé Armstrong

Lance Armstrong et l'ancien président de l'UCI, Hein Verbruggen - AFP
Un « traitement préférentiel ». Voilà comment la Commission indépendante de réforme du cyclisme (CIRC) désigne la façon dont l’Union cycliste internationale (UCI) a géré le cas Lance Armstrong. Fruit de 13 mois d’une enquête durant laquelle 174 personnes ont été auditionnées - dont le septuple vainqueur déchu du Tour de France à deux reprises - le rapport de 227 pages publié ce lundi écarte toute corruption au sein de l’instance dirigeante mais ne ménage pas ses anciens patrons. Les prédécesseurs de l’actuel président Brian Cookson, Pat McQuaid (2005-2013) mais surtout Hein Verbruggen (1991-2005), sont ainsi clairement mis en cause pour leur trop grande proximité avec l’ancien champion américain, suspendu à vie en 2012 par l’Agence américaine antidopage (Usada) et qui est depuis passé aux aveux lors de sa fameuse interview-confession face à Oprah Winfrey en janvier 2013.
Rescapé d’un cancer, Lance Armstrong était ainsi vu par l’UCI comme « le choix idéal pour la renaissance de ce sport après la scandale Festina (lors du Tour de France 1998) », juge le trio d’enquêteurs dirigé par l’ancien procureur suisse Dick Marty. Ce qui a poussé l’UCI à s’affranchir parfois des ses propres règles de lutte contre le dopage. En l’autorisant notamment à courir plus tôt que prévu lors de son come-back en 2009. Ou, plus grave, en validant des certificats médicaux rédigés a posteriori, comme lors sa première victoire sur la Grande Boucle en 1999 (mais aussi lors du titre mondial remporté par le Français Laurent Brochard en 1997).
« Echange de faveurs » et « front commun »
Faute de preuves, la commission n’a pu établir que l’achat de matériel antidopage effectué par « LA » à destination de l’UCI avait pour but de couvrir un contrôle suspect subi par l’Américain sur le Tour de Suisse 2001. La CIRC confirme en revanche l’existence d’un « échange tacite de faveurs entre les dirigeants de l'UCI et Lance Armstrong », permettant à l’une de soigner son image et à l’autre de gonfler son palmarès. Elle évoque même un « front commun » pour rejeter toutes les accusations de dopage. Et si le Texan a été testé normalement, l’UCI n’a « pas cherché activement à corroborer si les allégations de dopage contre lui était fondées », juge la commission.
En liant si étroitement son destin à celui d’Armstrong, l’UCI a donc bien manqué à ses devoirs et « ruiné sa crédibilité auprès du public » selon la CIRC, qui note toutefois les efforts entrepris depuis le départ de Verbruggen. « Je suis absolument déterminé à utiliser le rapport de la CIRC pour m’assurer que le cyclisme poursuive le processus engagé pour regagner la confiance des fans, des diffuseurs et de tous les coureurs propres, ajoute dans un communiqué Brian Cookson, à la tête de l’UCI depuis septembre 2013. Je m’y étais engagé avant que je ne sois élu président et je suis heureux que la CIRC ait maintenant terminé son travail. Je donnerai plus de détails sur la façon dont nous implémenterons les recommandations du rapport dans le courant de la semaine. »