Longo a-t-elle cédé à la pression ?

La FFC s'est-elle précipitée dans l'affaire Longo ? - -
La Fédération française de cyclisme(FFC) a-t-elle été un peu vite en besogne dans l’affaire Longo-Ciprelli, en voulant se débarrasser d’une patate chaude à l’aube des Championnats du monde sur route à Copenhague ? C’est ce que paraissent signifier les avocats mandatés par la coureuse, après les révélations sur ses trois contrôles antidopage manqués, et surtout les accusations d’achat de produits dopants (EPO) portées par une ancien cycliste américain, Joe Papp, dopé repenti, dans les colonnes du journal L’Equipe. La FFC a suspendu à titre conservatoire Patrice Ciprelli après avoir jugé le dossier publié par le quotidien sportif « étayé. » La Fédération a ensuite « salué la décision de Jeannie Longo » de renoncer aux Championnats du monde.
« De l’empressement caractérisé, selon Me Bruno Ravaz. On m’a fait comprendre tout de suite qu’il valait mieux que ma cliente renonce. » L’avocat, qui exerce à Toulon, établit un parallèle avec le dossier du rugbyman Yohann Huget, épinglé par l’AFLD pour défaut de localisation, et qui, début août, s’est « auto-exclu » du XV de France en partance pour le Mondial en Nouvelle-Zélande. « Ces questions de localisation embarrassent les Fédérations. Elles sont tenues de réagir vis-à-vis des instances internationales. Elles se protègent en parant au plus pressé », regrette l’avocat.
Au-delà, la FFC se voit reprochée par les conseillers juridiques du couple Longo-Ciprelli de ne pas avoir respecté les droits fondamentaux de la procédure. « C’est incompréhensible, c’est hâtif, et c’est illégal, s’insurge Me Pierre Albert, avocat à Grenoble. La FFC est soumise au droit commun. On ne prend pas une mesure, même provisoire, à l’encontre d’un individu sans qu’il n’ait été appelé d’abord à s’expliquer. Il y a non-respect de la présomption d’innocence et du principe contradictoire. »
« On a voulu protéger l'équipe de France »
A la Fédération, qui a ouvert deux procédures disciplinaires distinctes, on se défend d’avoir voulu être expéditif. « En aucun cas nous avons conseillé à son avocat de renoncer », répond-on à la FFC. Si le mari de Longo a été suspendu, c’est dans l’intérêt de préserver le reste de l’équipe de France présente aux Mondiaux. « Il s’agit d’une mesure de protection et non disciplinaire », précise-t-on. L’ouverture d’une instruction au pénal pourrait prendre plusieurs mois. A condition de pouvoir porter des éléments à charge au dossier. Ce qui, selon nos informations, ne semble pas être le cas aujourd’hui. « A ce jour, le dossier est vide », nous n’avons rien reçu », confirme Me Albert. Le dossier Longo, traité exclusivement par l’organe disciplinaire de la FFC, devrait être jugé en première instance d’ici 10 semaines, soit avant la fin de l’année, et avant 4 mois en appel. Une éternité après la précipitation des dernières heures. « Jeannie n’a pas jeté l’éponge sous la pression, mais sous la dépression », déplore Me Albert.
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Deux affaires, deux procédures|||
Dossier Longo : La FFC a reçu mercredi la notification de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage faisant état des trois avertissements contre Jeannie Longo en moins de 18 mois pour manquements aux règles antidopage concernant la localisation. La procédure disciplinaire sera officiellement ouverte lorsque celle-ci aura reçu le courrier recommandé avec accusé de réception. Elle peut durer au maximum 10 semaines en première instance et 4 mois s'il y a appel. La FFC a pour volonté de ne pas traîner avec cette affaire. Le dossier sera donc régler au plus tard à la mi-janvier 2012. Jeannie Longo risque de trois mois à deux ans de suspension.
Dossier Ciprelli : La FFC a annoncé mardi une procédure disciplinaire et la suspension du mari de la championne Jeannie Longo, Patrice Ciprelli, après la publication de courriels par le quotidien L'Equipe montrant qu'il aurait acheté de l'EPO en 2007. Sur cette affaire très sensible, la FFC n'a pas l'intention de se précipiter et souhaite constituer un dossier très solide. Un dossier qui, pour l'instant, ne contient que l'article du quotidien sportif. Au terme de la procédure, Patrice Ciprelli risque jusqu'à six ans de retrait de licence.