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Paris-Nice : Il y a une vie après Armstrong

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Paris-Nice a débuté ce dimanche, par un prologue dans la ville de Houilles. Une 71e édition qui intervient après les aveux de Lance Armstrong, et que les organisateurs souhaitent placer sous le signe du renouveau.

L’affaire Armstrong a secoué, très fort, la planète cyclisme. Après le séisme, la saison reprend ses droits avec Paris-Nice, première grande course à étapes organisée en Europe depuis les aveux du Texan. Le coup d’envoi d’une ère nouvelle ? Beaucoup l’espèrent, à l’image de Roger Legeay, président du Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC), qui a tenu à marquer le coup avec une conférence de presse sur le thème du dopage, en préambule du prologue. « Ça a été un sacré remue-ménage, on ne pouvait pas passer l’hiver sans initiatives, assure-t-il. On a voulu expliquer qui on est et ce que l’on veut faire. Nous menons des actions fortes pour crédibiliser notre sport. Si tout le monde pratique la tolérance zéro, on peut très vite retrouver une crédibilité. »

Le MPCC, qui comptait sept équipes adhérentes à la fin de l'été 2012, a vu ses effectifs croître de façon spectaculaire depuis. Les 38 formations engagées à ce jour se doivent de respecter les règles de cette organisation, plus contraignantes que celles du code mondial antidopage. L’une des mesures phares est notamment le non-engagement pendant deux ans supplémentaires d'un coureur suspendu deux ans pour une contrôle positif à un produit lourd (type EPO). « Moi, ce qui me plaît avec le MPCC, c’est que même si on ne se dirige pas vers un monde parfait, on se dirige vers un monde meilleur, assurément, se réjouit Christian Prudhomme, directeur du Tour de France. Les équipes s’imposent des choses supplémentaires par rapport à la règle. On est sur la bonne voie ».

Voeckler : « Il ne faut pas s’emballer »

Pour matérialiser le renouveau attendu du peloton, 35 000 bracelets bleus sur lesquels est inscrit « Le dopage, ça suffit ! » ont été distribués aux équipes. « Un cri de colère, poursuit Legeay. Peut-être qu’en 2014 on dira : « Vive le cyclisme ». La majorité des coureurs qui font un cyclisme propre n’ont jamais la parole. Là ils ont l’occasion, avec le bracelet, d’afficher leur conviction ». Romain Feillu (Vacansoleil-DCM) approuve : « C’est l’image que l’on veut donner de soi et du cyclisme. Je ne sais pas comment ce sera perçu, mais ça reste un geste fort ». La symbolique est indéniable. Mais de l’aveu des coureurs, vécu de l’intérieur, l’après-Armstrong est loin d’être un grand chamboulement.

« On avait parlé de nouvelle ère après l’affaire Festina, puis après l’affaire Puerto. A chaque fois une autre finit par sortir, estime Thomas Voeckler (Europcar), un brin sceptique. Au MPCC, on passe de 7 équipes à 38 en an, mais c’est parce que les organisateurs ont annoncé qu’ils privilégieraient pour les wild-cards les équipes qui adhéraient. Donc il ne faut pas trop s’emballer. Après, je pense quand même que le vélo est sur la bonne voie, et il faut saluer toutes les initiatives de lutte contre le dopage. » De son côté, Jérôme Coppel (Cofidis), estime qu’ « on n’a pas attendu qu’Armstrong avoue pour changer notre façon de faire du vélo et de voir le vélo. Moi je n’ai pas vu de changement que ce soit au sein du peloton ou sur les courses. Cela fait six ans que je suis pro et je n’ai jamais rien vu d’anormal. » Un renouveau… dans la continuité, finalement.

A.T. avec G.Q.