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Teklehaymanot, soleil de l’Erythrée

Daniel Teklehaymanot

Daniel Teklehaymanot - -

Sixième l’année passée, Daniel Teklehaymanot s’avance comme l’un des principaux favoris du Tour de l’Avenir dont la première étape a lieu ce lundi. Particularité : il est… Erythréen. Une rareté absolue en cyclisme. Découverte.

L’anglais est hésitant. La voix tremblante. Au bout du fil, Daniel Teklehaymanot fait face aux premières sollicitations médiatiques qui accompagnent son statut d’espoir du cyclisme. Une découverte pour cet Erythréen de 21 ans. Sixième du dernier Tour de l’Avenir, l’Est-Africain fait figure de favori de la 47e édition. Alors forcément son cas interpelle. Teklehaymanot est né dans la région de Zoba Debub, au centre du pays, non loin de la capitale Asmara, le 10 novembre 1988. Très attaché à sa famille, il compte une dizaine de frères et sœurs qu’il retrouve à chacun de ses retours sur place.

Car le jeune homme vit en Suisse depuis bientôt deux ans. C’est Michel Thèze, responsable du CMC (voir par ailleurs) qui le repère lors d’un championnat d’Afrique au Maroc et l’attire dans son centre basé à Aigle et financé par l’UCI. Pour Daniel, c’est également une chance de quitter un pays encore marqué par les stigmates de la guerre fratricide (remportée en 1991) contre le grand voisin éthiopien. « On évite de lui en parler quand il est ici, continue Thèze. C’est un peu son jardin secret. C’est logique qu’il garde ça pour lui. Même s’il a eu une vie tout à fait normale, à certains moments, on le sent pensif, sans doute plongé dans ce qu’il a connu auparavant. »

Stagiaire chez Cervélo

Arrivé en janvier 2009, il doit attendre avant de donner ses premiers coups de pédale. La faute à des problèmes cardiaques qui le poussent à l’opération et l’obligent à ranger le vélo jusqu’au mois de juin et le Tour de l’Avenir. « Il a ensuite connu une progression fulgurante, s’émerveille Thèze. Il va devoir maintenant assurer puisqu’il arrive avec le statut de favori. Ça me rappelle une course où il n’avait pas compris pourquoi ses compagnons d’échappée ne collaboraient pas avec lui. Il roulait tout simplement trop vite. »

A quelques mois de la fin de son aventure avec le CMC, il rêve de signer un premier contrat professionnel. Il a bien cru tenir le bon bout quand Cervélo l’engage comme stagiaire sur la classique de l’Indre, mais l’arrêt de la formation suisse annihile ses espoirs. « Il a pris un coup derrière la tête, se souvient Thèze. Il doit repartir de zéro, mais tout passe par les résultats. » Et ça commencera par les routes du Tour de l’Avenir. « Je suis prêt, lâche le principal intéressé. C’est important pour moi. Je veux poursuivre ma carrière dans le cyclisme et devenir professionnel. » Il serait le premier de ce petit pays de la Corne de l’Afrique, peuplé de seulement 5 millions d’habitants.

Pierrick Taisne