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A. Schleck dépose Voeckler

Tenu en échec la veille, Andy Schleck est parvenu à s'emparer du maillot jaune en haut de l'Alpe-d'Huez

Tenu en échec la veille, Andy Schleck est parvenu à s'emparer du maillot jaune en haut de l'Alpe-d'Huez - -

Le Français a craqué dans la deuxième grande journée alpestre, magnifiquement remportée au sommet de l’Alpe d’Huez par son fidèle lieutenant Pierre Rolland. Il abandonne le maillot jaune au Luxembourgeois. Mais le Tour est encore loin d’être joué…

On avait perdu l’habitude de le voir en vert. Le leader de la formation Europcar, Thomas Voekler, a abandonné son maillot jaune à Andy Schleck, mettant un terme brutal, bien qu’attendu, à une histoire d’amour de dix jours avec la précieuse casaque. En haut de l’Alpe d’Huez, à près de 2 000 mètres d’altitude, après 3 heures de course et 109 km dans les jambes, le Français a rendu plus de trois minutes (3’20) au vainqueur, son fidèle lieutenant Pierre Rolland, trois minutes pile à Contador, grand animateur de cette 19e étape, et plus de deux minutes à Evans et aux frères Schleck. Au général, l’addition se paie cash, l’Alsacien glissant à la 4e place à 2’10 du Luxembourgeois.

Même si un podium dimanche sur les Champs-Elysées parait encore envisageable, Contador pointant à 1’30, la deuxième grande étape des Alpes a été fatale au coureur de 32 ans, qui a payé son effort dantesque dans le Galibier. « Je n’avais plus les jambes, j’étais dans le dur, a expliqué Voeckler. J’ai essayé de rester au contact dans le Télégraphe, mais après j’étais cuit. » Piégé par Contador, qui a voulu se débarrasser de ses rivaux dès le 5e kilomètre, puis peu après avec une deuxième estocade, le leader Europcar ne réussit pas à suivre le train imposé par l’Espagnol, transfiguré par rapport à la veille. Avant de recoller, notamment épaulé par son ancien coéquipier Jérôme Pineau (Quick Step) et Arnold Jeanneson (FDJ), après la longue descente menant au pied de l’Alpe-d’Huez.

Rolland comme Coppi, Hinault, Pantani

Joie de courte durée ; c’est l’endroit choisi par les cadors pour en découdre. Evans passe à l’attaque, et derrière, c’est sauve qui peut. Voeckler est irrémédiablement lâché, alors que seuls les frères Schleck et Contador tiennent bon. L’Espagnol plante sa troisième banderille du jour, et compte plus d’une minute d’avance à 10 km de l’arrivée. Mais le triple vainqueur finit par payer sa débauche d’énergie et laisse ses poursuivants revenir. Le maillot orange de Samuel Sanchez (Euskaltel) et vert de Pierre Rolland (Europcar) fondent sur le leader Saxo Bank. Le Français de 25 ans fausse compagnie aux deux Espagnols dans les derniers lacets. Il franchit la ligne avec le masque des géants de l’Alpe d’Huez : Coppi, Hinault, Pantani. Les larmes coulent, suivies des félicitations de Sanchez, qui lui tombe dans les bras, ainsi que celles du boss, Voeckler. « Bravo à Pierre, c’est sa journée, c’est légitime qu’il ait une récompense. En haut du Galibier, je lui ai dit d’y aller. » Les joies se partagent chez Europcar. Tout comme au sein du cyclisme français, qui a joué l’union sacrée autour du maillot jaune en perdition. « Merci à Pineau et à Jeanneson qui m’ont beaucoup aidé », glisse Voeckler, désormais 4e au général.

Rolland offre la première victoire d’étape de ce 98e Tour au vélo tricolore, et entre dans le top 10. L’avenir lui appartient. Pour le présent, c’est encore Voeckler le mieux placé. Il visera un bon temps ce samedi à Grenoble dans le contre-la-montre. Devant l’intouchable expert qu’est Cadel Evans, le Français tentera de contrarier la fratrie Schleck, peu à l’aise dans l’épreuve des chronos. Une belle bagarre en vue sous l’œil de Contador, toujours en embuscade. A moins de 200 km du dénouement, le Tour n’a pas livré son verdict.