Avec Gène, y’a du plaisir

Premier coureur noir à participer au Tour de France, Yohann Gène découvre la Grande Boucle avec une véritable fierté. Celle d’être le premier Antillais à se lancer dans l’aventure.

Il ne fait pas un temps à mettre un Antillais dehors. Yohann Gène le constate à ses dépens. Aligné pour la première fois sur le Tour de France, le coureur d’Europcar pointe sa tête hors de son bus ce mardi matin à Lorient. Même la pluie ne lui fait pas perdre son sourire. « Quand on voit ce genre de temps, c’est sûr que ça n’attire pas forcément les Guadeloupéens en métropole, glisse le principal intéressé. Ils sont de moins en moins nombreux à venir pour tenter de faire carrière. »

Professionnel depuis huit ans, Gène entend toujours la même chanson quand il rentre sur son île. Mais quand vas-tu faire le Tour de France ? Depuis samedi le rêve est devenu réalité. Arrivé à l’âge de 16 ans en métropole, le protégé de Jean-René Bernaudeau a dû composer avec un nouvel environnement. Mais l’éloignement familial, le froid, la pluie n’ont pas eu raison de son envie de s’imposer. Avec Ronny Martias chez Saur-Sojasun et le jeune Kévin Reza, la Guadeloupe tient ses champions.

Martias : « En Guadeloupe, c’est la star »

Martias n’est d’ailleurs pas avare de compliments quand on le questionne sur son ami. « C’est un grand bosseur, quelqu’un de très sympa. Ses leaders peuvent lui faire confiance. Il va toujours se mettre ‘à la planche’ (être au maximum, ndlr). Et là-bas, c’est la star. » Là-bas, c’est en Guadeloupe. Car le vélo est le sport numéro 1 de l’île. « Le Tour de Guadeloupe est le petit Tour de France », glisse Bernaudeau, véritable amoureux de l’île. « C’est énorme. Il faut le voir pour le croire. Le public prend même des vacances pour aller voir la course », reprend Gène, actuel 133e du tour de France à plus de sept minutes des leaders.

A 30 ans, l’Antillais est désormais prêt à en découdre dans les sprints, sa spécialité, et pourquoi pas à se lancer dans une échappée au long cours. « C’est quelqu’un qui sait courir. On a cette qualité ou on ne l’a pas, conclut son directeur sportif. Il a la science de la course. Il n’est pas facilement manœuvrable, il sait jouer à l’intox. C’est un bel emblème et un très bon élève. » La suite des cours, c’est ce mercredi sur les routes bretonnes.