C’est le Tour de… Norvège !

Edvald Boasson Hagen - -
Lisieux n’est pas encore la capitale de la Norvège. Mais la commune de Basse-Normandie a pris un fort accent scandinave ce jeudi, à l’issue de la 6ème étape du Tour de France. Sous un ciel assombri et une pluie intermittente, Edvald Boasson Hagen a remporté au sprint la première victoire de sa carrière sur la Grand Boucle, inaugurant au passage le palmarès de l’équipe Sky (créée en 2010). « On savait que c’était un très grand, admire l’ancien coureur français Vincent Barteau, maillot jaune sur le Tour 1984. Il a eu un petit passage à vide en début de saison avec des douleurs au genou. Depuis, il a retrouvé de la fraîcheur. Il l’a montré aujourd’hui en faisant un sprint de costaud. »
Visiblement ému, le coureur de 24 ans a commenté son coup d’éclat avec un sourire timide. « C’est vraiment magnifique, a-t-il confié. Je suis moi-même étonné. Certaines personnes disent que j’ai du talent, c’est bien de pouvoir leur donner raison. Je suis très content. » Dans la roue de son jeune compatriote, Thor Hushovd, troisième du jour, a brillamment conservé son maillot jaune. De quoi offrir à la Norvège un doublé historique. « On est un petit pays de vélo. Notre peuple est très sportif. Mais on n’a pas beaucoup d’expérience du haut niveau, explique le sprinteur-puncheur de Garmin-Cervélo, leader depuis le deuxième jour de course. Gagner une étape et avoir le maillot jaune, c’est vrai que c’est pas mal. »
Des heures d’entraînement… en ski de fond !
C’est même exceptionnel, sachant que Boasson Hagen et Hushovd sont les deux seuls représentants de leur pays sur cette Grande Boucle 2011. Réputée pour ses fjords et la rudesse de son climat, la Norvège est une terre d’extrêmes. Au Nord-Ouest de l’Europe, le thermomètre peut fleureter avec les 30 degrés en été et chuter jusqu’à – 40 degrés l’hiver ! Des conditions éprouvantes qui permettent aux champions locaux de s’endurcir. « On s’entraîne beaucoup. Dans des circonstances difficiles. Je pense que c’est ce qui fait la différence », explique Hushovd, 33 ans, habitué à avaler des kilomètres en ski de fond durant la trêve hivernale.
Un exercice auquel Boasson Hagen est également formé. « Je viens d’une petite ville au Nord de Lillehammer (théâtre des Jeux Olympiques d’hiver 1994, Ndlr) », rappelle celui qui s’était révélé en remportant Paris-Corrèze en 2007. Sous la bruine normande, les deux hommes ont joué les ambassadeurs de luxe. Leur pays peut être fier d’eux. La France se souviendra que le 7 juillet 2011, un drapeau norvégien a éclipsé tous les autres étendards sur les routes du Tour.