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Cheng Ji, la curiosité du Tour made in China

Cheng Ji

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Premier chinois à disputer le Tour de France, Cheng Ji fait le dur apprentissage de la Grande Boucle. Lanterne rouge à 2h41 à Nibali, le coureur Giant-Shimano est une attraction discrète et dévouée, qui peine mais savoure. Portrait.

Cheng Ji est un citoyen modèle. Par hasard, pur patriotisme ou simplement limites physiques, le coureur chinois de Giant-Shimano a le « don » d’assortir sa lanterne au Petit Livre Rouge de Mao Zedong. Actuel dernier du Tour de France à 2h41 du Maillot jaune Vincenzo Nibali, ce lieutenant de Marcel Kittel est en effet un récidiviste, puisqu’il a déjà terminé dernier de la Vuelta 2012, seul grand Tour qu’il est d’ailleurs parvenu à boucler depuis son passage chez les pros en 2008.

Mais quand on suspecte le bonhomme de cibler la cuillère de bois afin de s’attirer les sympathies du public et de s’offrir un joli coup de pub, le natif de Hanin réfute l’argument. « Non, je ne regarde pas, je n’ai pas vu si j’étais dernier, lâche-t-il. J’ai entendu parler de ces histoires, de ces gens qui soutiennent le dernier. Mais moi, je ne suis pas là pour ça. » Par volonté marketing de son équipe, alors, qui tente une percée sur le marché chinois en s’appuyant sur sa tête de gondole Cheng Ji, accessoirement premier Chinois de l’histoire à disputer le Tour de France ? « Il y a une réelle volonté politique de notre part de s’engager sur un projet à long terme afin de développer le cyclisme asiatique, reconnait Christian Guilberteau, directeur sportif de la Team Giant Shimano. Mais il ne doit sa sélection sur le Tour qu’à lui-même. »

1671e au classement mondial

Si l’on s’en tient aux arguments avancés par le staff de la formation néerlandaise, Cheng Ji doit donc sa sélection à des motifs purement sportifs, lui que l’on surnomme « le tueur d’échappés » en raison de sa capacité à tuer dans l’œuf la moindre tentative d’échappée adverse ou de sa détermination à « monter » sur le porte-bagage d’un fuyard. « C’est le surnom que mes coéquipiers m’ont donné sur la Vuelta, raconte-t-il. Ca me va bien. J’ai dû tout apprendre en arrivant mais aujourd’hui, on me fait confiance et on mise sur moi en cas d’échappées. J’aime travailler pour l’équipe. Je fais de mon mieux même si je dois avouer que c’est très difficile quand ça monte. Mais c’est un rêve que je réalise. »

A 27 ans, cet ancien athlète spécialiste du 800 et 1500m apprend lentement. Tout, tout doucement même, serait-on tenté de rajouter dans un élan gratuit de mauvais esprit. Depuis son arrivée chez Skil-Shimano, devenue au fil des années Giant-Shimano, le Chinois d’1,78m pour 67 kg n’a accroché à son palmarès qu’un seul et unique bouquet : une étape du très modeste Tour du sud de la mer de Chine en 2008. Un niveau de performance qui explique sa place dans la hiérarchie puisque selon un classement établi par le site Procyclingstats, il ne pointerait qu’au… 1671 rang mondial ! Pas un foudre de guerre, donc, mais un soldat comme on les aime en République populaire de Chine : discret, combatif et dévoué. Un pur produit made in China.

G.Mathieu.