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Froome : « Ça n’enlève rien à mon bonheur »

Christopher Froome

Christopher Froome - -

Assuré de remporter son premier Tour de France ce dimanche, Christopher Froome mesure le chemin parcouru depuis ses premiers coups de pédale au Kenya. Un accomplissement que le Britannique savoure pleinement malgré le climat de suspicion qui a entouré ses performances.

Christopher, que représente cette victoire sur le Tour de France ?

Ce maillot jaune représente le voyage extraordinaire que j'ai entrepris avec mon petit vélo dans les montagnes au Kenya pour arriver au sommet du cyclisme. C’est difficile de le décrire avec ses mots. Le Tour de France est un combat quotidien, avec des problèmes différents à chaque fois : la pluie, le vent, la montagne, les bonnes et les mauvaises journées, me retrouver seul un jour et être parfaitement soutenu le lendemain. C’était vraiment spécial.

Quand avez-vous compris que vous pouviez gagner le Tour un jour ?

La première fois où je me suis dit que je pouvais gagner, ou au moins jouer un rôle important dans un grand Tour, c’était lors de la Vuelta en 2011. Avant, je ne parvenais jamais à être suffisamment consistant. Je manquais de régularité. Finir deuxième cette année-là m’a donné beaucoup de confiance et je me suis dit : « J'ai ma place dans ce groupe de coureurs qui se battent pour le classement général. »

Sans Bradley Wiggins dans la même équipe, vous pourriez en être à votre troisième victoire dans un grand Tour. Y pensez-vous parfois ?

C'est facile de dire ce que j'aurais pu faire avant. En 2011 et en 2012, les choses étaient ce qu'elles étaient. J’ai le sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même à ce moment-là. Cela m’a permis d’apprendre en tant que coureur professionnel. On doit être capable de réagir sur la route et pas seulement d’écouter ce qu’on nous dit dans l’oreillette. Par exemple, j’aurais beaucoup aimé partir dans la dernière côte aujourd’hui (samedi) et gagner l’étape mais je n'avais pas les jambes. Dans les deux derniers kilomètres, j'ai été envahi par l’émotion en me disant : « Je l'ai vraiment fait, je suis en jaune et personne ne va me l'enlever. » J’ai réalisé ce que j’avais accompli.

Est-ce difficile d’être le premier vainqueur du Tour après le scandale Lance Armstrong ?

Cela faisait partie du défi. La suspicion est difficile à vivre mais elle se comprend étant donné l'histoire de ce sport. Quiconque portant le maillot jaune à ma place aurait subi le même nombre de critiques de la part des journalistes et des fans. Je l’accepte et je comprends complètement. Moi-même, j'ai été déçu par le sport. J'espère que ma victoire va aider à changer la situation même si ça doit prendre du temps. Je veux montrer aux gens que le cyclisme a changé. Vivre cette situation n’enlève à mon bonheur. C’était un autre challenge, un autre obstacle que moi et mes coéquipiers avaient réussi à surmonter.

« L'arrivée sur les Champs-Elysées va être énorme »

Quels ont été vos meilleur et pire souvenirs sur ce Tour ?

Le pire était à l'Alpe d'Huez, quand j’ai eu l’impression de ne plus avoir d’énergie. C'était une sensation horrible. Si vous faites du vélo, vous voyez de quoi je parle. Je voyais le panneau 5 km et je savais que ça ne faisait que grimper jusqu'à l'arrivée. Il fallait être fort mentalement. Heureusement que Richie Porte était là et m'a beaucoup aidé. Mon plus grand souvenir a été de gagner au Ventoux. C’était un moment incroyable.

Après sa victoire sur la Grande Boucle l’an passé, Bradley Wiggins s’est fixé un autre défi avec le Giro. Pourriez-vous faire la même chose ?

Personnellement, je pense que le Tour doit être le sommet de notre calendrier. C'est la victoire la plus recherchée, le maillot le plus désiré. Ma décision dépendra du parcours mais j'aimerais revenir pour gagner chaque année.

Comment imaginez-vous la dernière étape ?

L'arrivée sur les Champs-Elysées va être énorme. Il y a déjà eu beaucoup de monde tous les jours sur le bord de la route mais c'est encore plus fort le dernier jour à Paris. Dimanche soir, je serai avec quelques amis d'école venus pour moi, avec ma fiancée Michelle et avec l’ensemble l'équipe. Et j'espère bien avoir une nuit inoubliable.

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Propos recueillis par Georges Quirino