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Giovanni Bernaudeau, le poids du nom

Giovanni Bernaudeau

Giovanni Bernaudeau - -

Fils du directeur sportif d’Europcar Jean-René Bernaudeau, Giovanni participe à son premier Tour de France. S’il espère achever la Grande Boucle, le Vendéen souhaite surtout faire oublier qu’il est « le fils de… ».

Difficile d’échapper au monde du vélo quand on porte un nom comme celui de Bernaudeau. Compliqué aussi de se soustraire à la comparaison quand on choisit la même voie que son père et qu’on est le fils d’une ancienne gloire du vélo tricolore et du plus connu des directeurs sportifs de France (avec Marc Madiot). Giovanni Bernaudeau vit dans l’ombre de son père depuis qu’il est en âge de tenir en équilibre sur un vélo. Car oui, Jean-René Bernaudeau n’est pas un père comme les autres quand on a été meilleur jeune du Tour de France 1979, 3 fois dans le top 10 du Tour (5e en 1979, 6e en 1981 et 1983), 7e des Jeux Olympiques 1976…

Giovanni lui-même concède : « Etre le fils de quelqu’un comme ça, cela a beaucoup d’inconvénients. Quand j’étais plus jeune, j’ai beaucoup souffert de ça et j’ai eu du mal à me forger un mental, du mal à avoir confiance en moi. ». Son père, lui, le décrit comme « maladivement scrupuleux ». Il raconte : « L’an dernier, il avait envie d’être au Tour mais il avait peur d’être sélectionné parce que le départ était en Vendée. Et il ne voulait pas qu’il y ait un amalgame de fait, le cliché du fils du patron, alors que je ne m’occupe pas du tout des sélections. »

Un passé et un présent lourds à porter

Mais si cette année Giovanni fait le Tour, c’est qu’il s’est fait sa place sur la selle. Et inutile de parler de favoritisme. Son coéquipier Christophe Kern le confirme : « S’il est là, c’est que sportivement, il a sa place. Il est allé chercher sa place à la pédale et à la cuisse. Il ne doit rien à personne et pour ça, il a raison. Il démontre que sur le vélo, c’est un grand coureur ».

Non seulement Giovanni doit vivre avec le poids de cette paternité, mais il doit aussi vivre avec celui de la passion du vélo qui dévore sa famille. En témoigne sa mère, vendeuse de vélo de course, son frère, gérant d’un magasin de cycles. Mais aussi lui-même dont le prénom, Giovanni, est un hommage au coureur italien Giovanni Battaglin, vainqueur des Tours d’Italie et d’Espagne 1981. Un passé et un présent parfois lourds à porter, qu’il a mis bien du temps à surmonter. Mais aujourd’hui, il affirme sans complexe que grandir et mûrir lui ont fait du bien : « Depuis quelques temps ça va beaucoup mieux. Je me suis construit une bulle, et je fais abstraction de tout ça ».

L’esprit libéré, Giovanni Bernaudeau pourrait alors réussir sur ce Tour ce que son père n’a jamais réalisé, à savoir gagner une étape du Tour de France. Et si il y parvient, nombreux ceux qui verront en Jean-René Bernaudeau « le père de… ».