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"J'espère que ça va continuer à briser le tabou", Kerbaol relance le débat sur la santé des coureuses, de plus en plus maigres

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Avant le départ de la 6e étape du Tour de France féminin, la Bretonne de la formation EF Education-EasyPost, Cédrine Kerbaol, est revenue sur ses propos forts de la veille sur l’état physique de certaines coureuses du peloton. La Françasie avait évoqué les dérives autour du poids et de l’alimentation dans le peloton.

Après la 5e étape du Tour de France féminin remportée par Kim Le Court, la Française Cédrine Kerbaol ne voulait pas éluder le sujet. Son regard s’est détourné un instant des classements et de la compétition pour se poser sur la santé des coureuses qui l’entourent.

"On est dans un moment dangereux. Il y a beaucoup de personnes qui ont gagné de grandes courses avec un poids très léger et, indirectement, les jeunes filles qui essaient de performer vont les prendre pour exemple." a-t-elle confié à L'Humanité et France 2. "Ne pas avoir ses règles, ce n'est pas normal. (...) Ce qui se passe là n’est pas terrible. (...) Ces dernières années, c’est très à la mode de compter chaque gramme dans les assiettes. Il ne faut pas qu’on tombe dans une forme de déshumanisation et d’infantilisation."

Diplômée en diététique en parallèle de sa carrière de cycliste professionnelle, la Bretonne alerte sur des problématiques longtemps ignorées dans le peloton féminin. Elle a notamment évoqué les carences liées à des restrictions alimentaires, l'obsession du poids et les remarques maladroites émanant parfois même de l’encadrement.

Des réflexions anodines mais lourdes de conséquences

Pour Cédrine Kerbaol, l’une des premières urgences est de sensibiliser l’entourage des coureuses. "On a des médecins, des nutritionnistes… mais parfois, ce sont des réflexions qui viennent de personnes qui n’ont pas ces compétences-là." Et d’ajouter quelques secondes plus tard:

"Ça peut être des commentaires du genre: 'Oh là là, t’es affûtée, tu vas marcher'”.

Ces phrases, en apparence anodines, contribuent à instaurer une pression psychologique qui pousse certaines cyclistes vers des pratiques à risque pour perdre toujours plus de poids.

Une libération de la parole en bonne voie

Les propos de la coureuse de la formation Education-EasyPost ont trouvé un écho immédiat dans le peloton. Kim Le Court, leader du classement général et porteuse du maillot jaune, a profité de cet élan pour aborder un autre tabou, celui des règles. Mais ce qu'espère Cédrine Kerbaol, c'est que ces tabous soient définitivement brisés.

"Je pense que ça a un petit peu aidé à commencer à briser le tabou, et j'espère que ça va continuer. Il y a plein de coureurs aussi qui nous ont envoyé des messages, et il y a plein de gens qui nous ont envoyé des messages sur le compte Instagram notamment, donc on espère que ça va avoir un effet positif de prévention."

En quelques heures, les réseaux sociaux se sont enflammés de messages de soutien envers la Française après sa prise de position.

Vers une meilleure prévention?

La championne de France du contre-la-montre milite désormais pour une approche plus globale. Elle affirme être en discussion avec le syndicat des coureurs afin de mettre en place un réseau de professionnels de santé pour accompagner les cyclistes. L’objectif? Rediriger les athlètes vers des interlocuteurs compétents et briser le silence qui entoure encore trop souvent ces questions.

"Il va falloir vraiment faire attention dans les prochains mois, dans les prochaines années, à ce que les gens qui gravitent autour des athlètes fassent attention à ce qu'ils disent et les poussent, justement, à aller voir des professionnels de santé pour les aider."

Maxence Mullié, avec Léna Marjak