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Tour de France féminin: "On est dans un moment dangereux", le cri d'alarme de Kerbaol sur la maigreur dans le peloton

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Actuelle 10e du général du Tour de France féminin et dernière vainqueure d'étape française sur la Grande Boucle, Cédrine Kerbaol veut mettre à profit son expertise de la diététique pour alerter sur des dérives observées dans le peloton.

"Ne pas avoir ses règles, ce n'est pas normal." Cédrine Kerbaol, actuelle 10e du classement général du Tour de France féminin et diplômée en diététique, a lancé ce mercredi un cri d'alarme sur la dangereuse tendance à la maigreur dans les pelotons masculin et féminin.

"Ce qui se passe là n’est pas terrible", a-t-elle alerté dans les colonnes de l'Humanité. "On est dans un moment dangereux. Il y a beaucoup de personnes qui ont gagné de grandes courses avec un poids très léger et, indirectement, les jeunes filles qui essaient de performer vont les prendre pour exemple."

Le risque de la "déshumanisation"

Depuis plusieurs années, l'alimentation des cyclistes est devenue très contrôlée, leurs besoins nutritionnels étant évalués par des spécialistes en quête de performance. Dans cette guerre des "gains marginaux", certains n'hésitent pas à perdre du poids pour être plus performants en montagne par exemple. C'est le cas de Remco Evenepoel qui a perdu 1,5kg entre les éditions 2024 et 2025 Tour de France ou encore de Pauline Ferrand-Prévot qui a fondu entre sa campagne des classiques flandriennes et le départ de la Grande Boucle.

D'après Cédrine Kerbaol, titulaire d'un BTS en diététique, la tendance est exacerbée dans un peloton féminin en plein développement. "On est dans une période de plus grande visibilité où tout le monde veut progresser plus vite, plus fort, avoir plus de watts, être plus légère… Sauf que c’est un process tout ça", a déploré la Bretonne de 24 ans. "Ces dernières années, c’est très à la mode de compter chaque gramme dans les assiettes. Il ne faut pas qu’on tombe dans une forme de déshumanisation et d’infantilisation."

C'est pourquoi la dernière vainqueure d'étape française sur le Tour de France, 6e du général l'an dernier, a lancé avec plusieurs équipières et spécialistes un compte Instagram (@f.e.e.d_powr) dédié à cette problématique.

"Le but est de réaliser de la prévention et de dire aux femmes que ne pas avoir ses règles, ce n'est pas normal", a-t-elle déclaré sur France 2 après la 5e étape de la Grande Boucle entre le Futuroscope et Guéret. "Au-delà de la fertilité, il y a aussi un impact sur les os et un risque de blessure extrême."

Et d'ajouter: "Il faut dire qu'avant d'être des athlètes, on est aussi des femmes et notre santé compte pour maintenant mais aussi pour le futur. Si on veut fonder une famille, avoir des enfants, un corps solide, il faut se préoccuper de notre santé dès maintenant."

TP