Le « Cav’ » retrouve son standing

Mark Cavendish - -
On le disait affaibli par une équipe moins forte dans les sprints et par la montée en puissance de la jeune génération. Mark Cavendish a prouvé qu’il était encore le meilleur sprinteur du peloton en remportant la 2e étape du Tour de France, ce lundi à Tournai. Un 21e succès sur la Grande Boucle remarquable de stratégie pour le sprinteur britannique, rapidement esseulé après la crevaison de Michael Rogers, l’un de ses fidèles poissons-pilotes, à huit kilomètres de l’arrivée. Car contrairement aux années passées, le natif de l’île de Man ne dispose pas d’une équipe à son entière disposition, Sky étant principalement concentré cet été sur le classement général avec Bradley Wiggins.
Mais pas de quoi déstabiliser Cavendish, qui s’en accommode aisément : « C’est normal de n’avoir que deux ou trois gars avec moi pour les sprints. L’objectif de l’équipe Sky, c’est de remporter le maillot jaune. Alors s'il vous plait, n’essayez pas de créer des controverses. » Alors que les formations Lotto et Liquigas s’étaient mises en action pour André Greipel et Peter Sagan, leur sprinteur respectif, Cavendish est sorti de sa boîte à 500 mètres de l’arrivée. Le champion du monde s’est calé dans la roue de Greipel, son ancien coéquipier chez HTC, avant de le dépasser sur la ligne d’arrivée. « Cavendish, n’ayant pas d’équipier pour l’emmener, a fait un sprint dans la boîte, dans l’aspiration, analyse Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC. J’ai presque envie de dire en jouant au poker, en jouant à quitte ou double. C’est une victoire intelligente. »
Guimard : « Les autres formations font le travail »
Une réponse magnifique aux pronostiqueurs qui prédisaient un succès de Marcel Kittel, le très prometteur sprinteur allemand, qui l’a déjà vaincu à trois reprises cette saison au Tour d’Oman puis sur le Ster Zlm Tour, aux Pays-Bas. La défaillance du coureur d’Argos-Shimano lui a un peu dégagé la voie. Sa science de la course et ses caractéristiques d’ancien pistard ont fait le reste. « Cavendish a beaucoup attendu, il est remonté au dernier moment, c’était peut-être la bonne solution, explique Sébastien Hinault, meilleur Français du jour avec une 12e place. Il était vraiment loin, je ne l’ai jamais vu pendant le sprint puis il s’est replacé, a déboité tout le monde et a gagné. Il n’y a pas eu photo. »
Une journée parfaite pour le « Cav’ » qui a bénéficié du travail des formations de ses adversaires directs pour rattraper les trois échappés du jour, et se positionner en embuscade. « Il laisse la pression sur les autres qui vont rouler à la place de Sky, résume Cyrille Guimard. Dans le final, il est suffisamment malin et adroit pour sentir qui va faire la faute et qui va ouvrir une brèche. » Du travail de champion qui pourrait lui permettre de rapidement gonfler son capital victoire sur la Grande Boucle.