Le peloton passe son tour

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Il y a d’abord eu ces mots : « trahison », « colère », « stupeur », d’un manager sonné mais digne au moment de s’exprimer sur l’« affaire » Di Grégorio. Face à la pression médiatique, le manager de l’équipe Cofidis, Yvon Sanquer, a tenu, s’expliquant en longueur sur l’interpellation surprise de son coureur tôt dans la matinée pour dopage présumé. Sans trop y croire, il a insisté sur la présomption d’innocence d’un homme qu’il jugeait « plutôt motivé, dans de bonnes dispositions dans le groupe ». Et promis une sanction ferme et définitive si les faits devaient être avérés.
Une vision qui trouvait écho auprès de Christian Prudhomme, le patron du Tour : « Ceux qui trichent se font prendre tôt ou tard. Plus ils se font prendre tôt, mieux ça nous va. Que les gens continuent à tricher, ça veut dire qu’il y a un manque de respect du Tour de France, regrette-t-il. S’il a triché, il faut le punir. » Passé le sentiment d’exaspération provoqué par l’explosion d’une nouvelle affaire, le peloton a préféré la jouer discret. La force de l’habitude sans doute. Sur le fond de l’affaire, beaucoup ont coché la case sans opinion, à l’image de Jean-René Bernaudeau. « J’attends de savoir, s’est contenté de lâcher le directeur de la formation Europcar. Je ne vais pas parler de choses que je ne connais pas. » Le ton est courtois, mais sans appel.
Madiot : « Un garçon que j’aimais bien »
Thomas Voeckler (Europcar) acceptera tout même de pousser l’analyse, évoquant ses rapports avec Di Grégorio : « Mes relations avec lui, ce sont des relations de confrères de travail avec un bonjour et une petite blague de temps en temps mais vous savez, au-delà du cas Di Grégorio, si un coureur triche, je ne pense pas que vous puissiez le savoir sur son attitude. Je suis sûr qu’il y a des mecs supers sympas, super cools qui ne sont pas forcément réglos. »
C’est Marc Madiot qui, en 2005, avait donné le premier sa chance au jeune grimpeur plein d’avenir Rémy Di Grégorio, au sein de la Française des Jeux. Il dresse le portrait d’un jeune coureur (26 ans) influençable mais sympathique. « C’est un coureur qui a besoin d’être cocooné, rassuré, soutenu, confie Madiot. J’espère qu’il n’a pas fait de grosse connerie. Sinon, je serais vraiment déçu. C’est un garçon que j’aimais bien. Il gagnait plutôt bien sa vie. Il était dans une équipe où il n’y avait pas une grosse pression pour le résultat. Je ne vois pas pourquoi. » Plutôt apprécié du peloton, Di Grégorio, tout jeune papa, devra désormais affronter seul la tempête qui s’annonce.