Le Tour change de braquet

Nicolas Roche - -
Ça y est, les choses sérieuses ont commencé. Après une semaine d’étapes de plaine, de sprints et de chutes, le peloton a pris de la hauteur ce samedi lors de la 7e étape du Tour de France. Un changement de rythme et de physionomie autant attendu par les spécialistes que redouté par les sprinteurs. « Les grimpeurs ont mangé leur pain noir depuis une semaine, explique le néo-retraité Cyril Dessel, ancien porteur du maillot jaune en 2006. Maintenant, ça devrait aller mieux pour eux. » Après La Planche des Belles Filles, le peloton va enchainer quatre nouveaux rendez-vous escarpés en cinq jours (en supplément du contre-la-montre dimanche). Un tournant sur la Grande Boucle.
« C’est un point crucial pour les coureurs, notamment ceux qui attendent la montagne depuis le départ et ceux qui ont de l’ambition pour le classement général, poursuit Dessel. C’est à partir de ce jour qu’ils savent où ils en sont et si la condition est bonne, moyenne ou s’ils sont à côté du sujet. » Nicolas Roche (AG2R), 8e du général après une très belle ascension de La Planches des Belles Filles, témoigne : « Ce sont les journées importantes où on n’a pas le droit à l’erreur ». Après avoir tenté d’éviter les chutes durant la première semaine, les rescapés abattent leurs cartes.
Dessel : « Un coup de pédale plus aérien »
« Il n’y avait pas encore eu de grand test pour voir où j’en étais au niveau de la forme, poursuit l’Irlandais de la formation AG2R. Je suis passé à travers les chutes et les catastrophes. J’espère continuer sur cette lancée dans les trois prochains jours. » Ce changement de profil entraine également des ajustements sur les vélos. Vendredi soir, les mécaniciens des équipes n’ont pas chômé pour changer les braquets (en mode moulinette) avant d’aborder les premières côtes pentues de la Grande Boucle version 2012.
« On a changé les braquets pour l’arrivée qui était très dure, explique Yohann Le Foulgoc, mécano chez AG2R. Derrière, on a mis des roues légères. Ça donne un vélo spécial montagne. On gagne une centaine de grammes par vélo. On arrive à sept kilos en sachant que le règlement de l’UCI interdit de descendre en dessous de 6,8kg. » Le style de pédalage évolue également. Alors que le peloton a fait parler sa puissance pendant une semaine, l’allure ne sont plus les mêmes. « C’est un pédalage plus souple, explique Dessel. Il faut avoir un coup de pédale plus aérien comme celui de Contador. Dans ses chevauchées, il a la giclette. Pédaler à 100 tours minutes en montagne, c’est très difficile. » Et ça ne fait que commencer.