Les chutes qui font déborder le vase

Johnny Hoogerland - -
C’est l’image choc de cette neuvième étape. A 37 kilomètres de l’arrivée, une voiture ciglée France Télévisions tente de doubler des coureurs échappés. La route est étroite. Beaucoup trop pour envisager un dépassement. Mais le véhicule s’engage et, soucieux d’éviter un arbre, percute violemment l’Espagnol Juan-Antonio Flecha et le Néerlandais Johnny Hoogerland. Le premier s’écroule lourdement sur le bitume. Le deuxième termine sa course dans les barbelés d’un champ en contrebas. L’image est spectaculaire. Les dégâts heureusement sans gravité. Les deux victimes, choquées, terminent l’étape tant bien que mal, loin derrière leurs partenaires d’échappée. Sur le podium de Saint-Flour, Hoogerland endosse le maillot à pois, larmes aux yeux et jambes ensanglantées.
« C’est un scandale, s’insurge Christian Prudhomme, le directeur du Tour. On présente nos excuses aux coureurs et aux équipes. Deux accidents liés aux médias en quelques jours sur le Tour de France, une moto de photographe (mercredi dernier lors de la cinquième étape, ndlr) et ensuite une voiture technique, ce sont deux accidents de trop. » Le véhicule incriminé – une voiture chargée d’assurer le suivi technique pour la retransmission télévisée – est exclu dans la foulée. Mais le mal est fait. Et la colère gagne le peloton. « Ça se passe trop souvent comme ça, dénonce Sandy Casar (FDJ), présent à quelques mètres au moment de l’accident. Les coureurs sont de moins en moins respectés. On est quand même les principaux acteurs de la course. Les motos et les photographes pensent qu’ils sont prioritaires sur nous. En plus, beaucoup de conducteurs ne connaissent pas la course. »
Vinokourov et Van den Broeck à la trappe
Un agacement qui fait écho aux nombreux accidents survenus lors de la première semaine du Tour. Ce dimanche, huit coureurs ont à nouveau abandonné après avoir chuté. En cause ? Un parcours étriqué et une affluence de plus en plus grande sur les routes. Alexandre Vinokourov en a fait les frais. Le leader d’Astana est passé par-dessus la rambarde de sécurité dans la descente du Pas-de-Peyrol. Résultat, une fracture du fémur droit et un abandon prématuré pour ce qui doit être le dernier Tour du Kazakh, âgé de 37 ans. « C’est une grosse déception, admet son coéquipier Rémy Di Gregorio. Je me suis arrêté pour voir s’il pouvait repartir. Mais c’était vraiment une grosse chute dans le ravin. C’est un coup dur pour l’équipe. » Pris dans la mêlée, le Belge Jürgen Van den Broeck, touché à l’épaule et aux cervicales, a dû lui aussi renoncer. Le Tour perd encore un de ses outsiders. Une journée noire pour les organisateurs. Des solutions sont attendues dans les prochains jours afin de limiter la casse. Sans quoi le peloton risque d’arriver clairsemé sur les Champs-Elysées le 24 juillet prochain.