Les clous du spectacle

Cadel Evans - -
Le Tour de France a connu une incroyable péripétie qui aurait pu s’avérer dramatique, ce dimanche à 38 kilomètres de l’arrivée de la 14e étape du Tour de France. Des clous de tapissier ont été jetés 200 mètres avant le sommet du mur de Péguère, puis dans la descente avant le passage du groupe maillot jaune. Cadel Evans, tout d’abord, a posé le pied à terre, fulminant en attendant pendant une longue minute une roue de rechange. Marcus Burghardt, premier équipier arrivé à ses côtés, n’a pas pu le dépanner… sa roue arrière étant également crevée. Comme l’Australien et l’Allemand, plus d’une trentaine de coureurs mais aussi les motos et les voitures des suiveurs ont été touchés sur cette route d’à peine trois mètres de large. Evans, poissard jusqu’au bout, a dû s’arrêter à deux nouvelles reprises, tout comme Bradley Wiggins, également touché dans la descente.
« Ce n’est pas un sketch, c’est criminel, s’est offusqué John Lelangue, directeur sportif de la BMC. Il y a eu des chutes. Ceux qui ont fait ça sont des criminels. Les coureurs prennent des risques dans les descentes en roulant à plus de 80 km/h sur des boyaux. C’est insensé. C’est du hooliganisme. » Le Croate Robert Kiserlovski (Astana) a payé très cher ce geste inconsidéré en chutant dans la descente et en se brisant la clavicule, le contraignant à l’abandon. Le bilan aurait pu être lourd. Bien plus lourd. La direction du Tour de France a d’ores et déjà porté plainte contre X pour identifier les fauteurs de trouble qui ont visiblement agi après le passage des échappés. « Quand nous sommes passés avec la tête de la course, nous n’avons rien remarqué, a témoigné Christian Prudhomme, directeur du Tour de France. Quelqu’un a dû jeter ses clous entre le passage des échappés et le peloton. Si on va porter plainte ? On verra. Mais c’est stupide, évidemment. »
La polémique Pierre Rolland
La confusion a rapidement saisi le peloton. Les crevaisons d’Andreas Klöden, de Levi Leipheimer et de Cadel Evans ont incité Bradley Wiggins et ses coéquipiers à se relever et à neutraliser la course pour favoriser le retour des cadres. Pas mis au fait de cette masse de crevaison, Pierre Rolland (Europcar), en quête de précieuses secondes, a alors attaqué dans la descente, provoquant la colère des tauliers avant de se relever une fois avisé de cette mésaventure. La polémique enfle déjà même si Jean-René Bernaudeau et Pierre Rolland ont tenté d’éteindre le feu en se défendant maladroitement d’avoir voulu transgresser le pacte de non-agression instauré tacitement par le peloton.
« On était parti pour une étape ennuyeuse puis la course est devenue folle et personne n’arrivait à suivre les évènements, analyse Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC. La fin de course a été incontrôlable à cause de ce geste criminel. Parce qu’un coureur pouvait très bien se tuer et on serait alors en présence d’un homicide. Les gens qui ont fait ça doivent en être conscients. Mais en sont-ils capables ? Ce ne sont même pas des imbéciles puisqu’un imbécile ne fait de mal à personne. » Plus de 18 minutes après l’arrivée de Luis Leon Sanchez, le peloton a finalement rallié l’arrivée. Tout est bien qui finit (presque) bien.