Navardauskas, le héros de la bande

Amputée de son leader Andrew Talansky et passée à deux doigts du but avec Jack Bauer, l’équipe Garmin Sharp a sauvé son bilan grâce à Ramunas Navardauskas, vainqueur en solo de la 19e étape sous des trombes d’eau à Bergerac.

Cela n’effacera jamais les larmes toujours pas séchées d’ailleurs de Jack Bauer, coiffé sur le poteau lors de la 15e étape à Nîmes, après plus de 220 km d’échappés en tête. D’autant que -comble du paradoxe- le Néo-Zélandais a été le plus sérieusement touché dans la chute collective qui a eu lieu à moins de trois bornes de l’arrivée. Et qui a servi les intérêts de son coéquipier de la Garmin Sharp, lancé dans un raid final en solo et que le peloton n’a justement jamais pu rattraper en raison de ladite cabriole massive.

Non, un professionnel quel qu’il soit ne gagne jamais par procuration mais le succès sévèrement « burné » de Ramunas Navardauskas a tout de même dû mettre un peu de baume au cœur à Jack Bauer. Et d’une manière générale, à toute l’équipe Garmin, orpheline de son leader Andrew Talansky depuis la 12e étape et de Janier Acevedo depuis la 13e. Car il en fallait, du courage, du panache et bien plus encore pour tenter le coup à 10 kilomètres du but, sous une pluie battante à ne pas mettre un coureur dehors, et avec tout le peloton aux trousses.

« Un grand jour pour moi, pour l’équipe, pour la Lituanie »

« Pour une fois, j’ai vu une vraie stratégie pour aller chercher la gagne, s’enthousiasme Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. Slagter (qui figurait dans l’échappée du jour, ndlr) ne pouvait pas aller plus loin, il était mort. Howes (autre coureur de Garmin) est sorti une première fois, puis Navardauskas. C’est vraiment bien joué de la part des Garmin. » Premier lituanien de l’Histoire à s’imposer sur les routes de la Grande boucle, le vainqueur du jour n’était pas mécontent du tour joué à tout le peloton. « Comme on n’avait aucune chance au sprint, on avait échafaudé cette stratégie. On a pris des risques, on a essayé, ça a marché. C’est un grand jour pour moi, pour l’équipe, pour la Lituanie. »

A 26 ans, ce grand échalas d’1,90 m venu de l’est signe son second succès d’étape individuel dans un Grand Tour, après le Giro 2013. L’actuel 109e au classement UCI compte également deux succès dans le contre-la-montre par équipes du Tour de France 2011 et du Giro 2012. Vainqueur cette saison du circuit de la Sarthe à deux pas de celui des 24h du Mans, Navardauskas ne pouvait que faire équipe avec Jack Bauer. Mais à la fin de l’épisode, c’est bien lui le superhéros.

G.M.