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Pr Dine : « Ce qu’a fait Froome est surhumain »

Christropher Froome et Nairo Quintana

Christropher Froome et Nairo Quintana - -

Médecin biologiste et professeur de biotechnologie, Gérard Dine a assisté de visu au numéro de Christopher Froome, dimanche sur les pentes du Ventoux. Pour ce spécialiste du dopage, le doute est permis mais les méthodes actuelles de contrôle ne permettent pas de détecter toutes les formes d’aide à la performance.

Professeur, d’un point de vue biologique, la suspicion concernant Christopher Froome peut-elle s’instaurer après sa démonstration de dimanche au mont Ventoux ?

J’étais présent sur place pour assister à l’ascension et j’étais abasourdi. Pour l’instant, il n’y a aucune suspicion de dopage chez ce garçon, qui n’a jamais été inquiété. Mais au vu de sa prestation, on a vraiment l’impression d’assister au remake de certaines prouesses de Lance Armstrong, et on sait ce que cela signifie. Malheureusement, on est obligé de penser à ce qu’on pourrait appeler une préparation particulière, qui fait que l’individu est au-dessus des normes.

Cela parait étrange de produire une telle attaque, assis sur sa selle…

C’est surhumain. Il faut tenir compte de l’aspect biomécanique, en rapport avec la position, la puissance et la taille su sujet. Froome et Armstrong ne sont pas du tout comparables et leur technique de pédalage peut être différente. Par contre, il y a la même différence par rapport aux autres athlètes. On a l’impression qu’il n’est pas sur la même planète.

« Ils ne font qu’utiliser les progrès de la science »

Est-ce possible d’atteindre un tel niveau uniquement avec de l’entraînement ?

A partir du moment où il y a un différentiel important, on peut se poser la question de savoir si l’individu ne dispose pas de moyens supplémentaires d’ordre biologique puisqu’on ne peut pas imaginer qu’il ait un moteur électrique dans son vélo (sourire).

Avec l’intensification des contrôles, les coureurs peuvent-ils encore avoir une longueur d’avance ?

Ils n’ont pas une longueur d’avance, ils ne font qu’utiliser les progrès de la science, et notamment que la biotechnologie appliquée à la médecine. On sait fabriquer aujourd’hui des médicaments qui ne sont pas chimiques. Ils sont beaucoup plus efficaces, ciblés, et posent des problèmes énormes de contrôle parce qu’il ne s’agit pas de produits de synthèse. Lorsque l’EPO est arrivé dans le peloton du Tour de France et dans les autres sports, entre 1990 et 2000, ce n’était pas la fin du dopage mais la fin d’une époque : celle du dopage avec des médicaments. Aujourd’hui, on est dans un monde nouveau. Nous savons que des molécules et des méthodes de préparation sont détournables dans le sport et plus efficaces encore que l’EPO ou les hormones de croissance, mais surtout totalement incontrôlables. C’est la forme de dopage qu’utilisait Lance Armstrong et il n’a d’ailleurs jamais été contrôlé positif de manière officielle…

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Propos recueillis par Jean-Louis Tourre