Rolland, garde du corps de luxe

Pierre Rolland, lieutenant exemplaire du maillot jaune Thomas Voeckler - -
Jean-René Bernaudeau attend avec impatience son maillot jaune. A peine la ligne franchie, le manager de l’équipe Europcar se jette dans les bras de Thomas Voeckler. L’ancien champion de France décline pourtant les louanges de son manager et pointe du doigt Pierre Rolland. « Va plutôt le féliciter, lui. Ce qu’il a fait aujourd’hui est énorme », lui lance l’ancien champion de France. Bien calé dans le groupe des favoris dans la montée de Luz-Ardiden, Voeckler n’a finalement lâché que quelques secondes dans le dernier kilomètre. L’addition aurait pu être beaucoup plus sévère sans le boulot du coureur de 24 ans.
Meilleur grimpeur du Dauphiné en 2008, Rolland a connu deux dernières saisons perturbées par les blessures. La progression est stoppée alors qu’il fait les beaux jours de l’équipe Crédit Agricole. « Il promettait beaucoup, se souvient son directeur sportif de l’époque, Roger Legeay. Je l’avais mis en réserve pour le Tour de France 2008 dans l’optique de l’aligner en 2009. Je voulais alors qu’il fasse un résultat, mais pas de la figuration. » Entre temps, Legeay met la clé sous la porte. Cap sur Bouygues Telecom.
« On va avoir mal aux jambes »
Aujourd’hui à pleine maturité, il pourrait devenir un leader dans les courses à étapes. A condition de bien maîtriser la marge de progression qui se dresse devant lui. Legeay, qui l’a croisé le matin de l’étape de jeudi, en est persuadé. Les deux hommes échangent d’ailleurs toujours des SMS et restent en contact. « C’est un peu une relation père-fils », sourit Legeay, particulièrement fier de constater la réussite d’un homme qu’il décrit comme « poli, très correct, respectueux et qui sait vivre avec son temps ».
Rolland à l’avant du peloton pour protéger le maillot jaune, et c’est tout Europcar qui rigole. Et s’il remettait le couvert vendredi pour l’arrivée à Lourdes ? « Je pense que ça sera compliqué, glisse-t-il. Il y a neuf chances sur dix que l’échappée aille au bout. Avec le final qu’on se fait aujourd’hui (jeudi), on va avoir très mal aux jambes. » Dixième à 50’’ de Samuel Sanchez, vainqueur jeudi, il n’a pas laissé sa part aux chiens. Thomas Voeckler en sait quelque chose.