Sky, Wiggins et Froome frappent fort

Bradley Wiggins - -
C’est une équipe qui ne laisse rien au hasard, où la place au romantisme est réduite à néant. Sur la joliment nommée Planche des Belles Filles, la formation Sky a appliqué son implacable art du calcul en avalant les six kilomètres de montée à un train d’enfer, ce samedi. Rien n’y a résisté. Ni les échappés du jour, ni les 20% de pente des 200 derniers mètres, ni la tentative d’accélération de Cadel Evans (BMC). Le train britannique s’est mis en marche. Résultat : victoire d’étape pour Christopher Froome (qui a aussi assuré le train en tête du peloton) et maillot jaune pour Bradley Wiggins. Une razzia accompagnée d’une étrange ambiance à l’arrivée où l’étonnement d’une telle facilité a vite cédé la place à la confusion des sentiments. Car la méthode est très proche de celle pratiquée par les hégémoniques Discovery Channel et US Postal lors du règne de sept ans de Lance Armstrong.
« A la base, ce sont des mecs très forts. Ils les ont tous réunis dans la même équipe pour gagner ce Tour avec Wiggins », témoigne Christophe Riblon, l’un des fuyards du jour sur la route du Tour de France. Sans signer de gros écart, l’équipe de Sean Yates a envoyé un message fort à Cadel Evans, tenant du titre et favori à sa propre succession. Si l’Australien reste en deuxième position du classement général à 10 secondes de Wiggins, il sait désormais qu’il sera surveillé par une garde très rapprochée. Et même plus. « L’autre adversaire de Cadel Evans, ce n’est pas Nibali, c’est Froome », prévient Luc Leblanc, membre de la Dream Team RMC. Ce dernier s’était déjà illustré lors de la dernière Vuelta avec sa deuxième place à seulement 13 secondes du vainqueur, Juan José Cobo.
Wiggins surpris de l’écrémage
« Je me demande s’il n’est pas plus fort que Wiggins, avance même Cyrille Guimard. Il roule, il contre et il s’en va. » Le rythme imprimé était si élevé qu’il a même étonné Bradley Wiggins. « Ce n’était pas une ascension très longue donc je suis surpris qu’il n’y ait pas beaucoup d’autres coureurs, glisse le leader de Sky. Nous nous attendions à être 50 dans le finish. » Pour l’heure, la question de la hiérarchie ne se pose pas puisque le dernier vainqueur du Critérium du Dauphiné possède 1’32’’ d’avance sur son équipier, 9e du général. La 8e étape, ce dimanche, en dira plus. « La Planche des Belles Filles, ce n’est pas les Alpes, ni les Pyrénées, tempère Luc Leblanc. Ce seront des étapes différentes de celle-ci, où il n’y avait qu’une montée finale. » Rein Taaramae, porteur du maillot blanc et l’un des rares à avoir suivi le train, apporte, lui aussi un bémol. « Je ne suis pas du tout impressionné par les Sky. Lors de la Vuelta, Froome a fait le même boulot. S’ils avaient attaqué avec une autre tactique, ils auraient gagné. »