Tour de France : Armstrong secoue le peloton

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C’était plus fort que lui. A 24 heures du Grand départ de Corse du 100e Tour de France, Lance Armstrong ne pouvait s’empêcher de faire parler de lui. Et de braquer les projecteurs sur sa « petite » personne. Lui, le septuple vainqueur déchu de la Grande Boucle. Lui, le fossoyeur de juillet, le « menteur maximo », l’imposture du siècle. Comme du temps où il dictait sa loi dans le peloton, Lance a donc fait du Armstrong, décidant presque mécaniquement du lieu et du calendrier pour porter son attaque.
Oh ! l’attaque n’a rien de bien tranchant, qu’on se le dise. Dans l’entretien exclusif accordé au quotidien Le Monde paru ce vendredi, le Texan va, certes, un peu plus loin que lors de ses confessions a minima sur le divan d’Oprah Winfrey en janvier dernier. Cette fois-ci, l’Américain déclare, en substance, que le rapport de l’Usada ne vaut pas un sou, que « Pat McQuaid (le président de l'UCI, ndlr) n'a aucun crédit en matière de lutte contre le dopage », que Jalabert est un menteur ou encore que les grandes clubs de football ont pesé sur l’affaire Puerto. Mais pas de quoi casser trois rayons à une roue de vélo.
Bernaudeau : « Armstrong, ce type qui a tué le Tour »
De Corse, où s’élancera demain le départ du 100e Tour de France, le peloton a très peu goûté cette sortie médiatique. A commencer par le CPA (Cyclistes Professionnels Associés), qui s’est fendu d’un communiqué dans lequel on peut lire : « Il est déshonorant de se faire systématiquement traîné dans la boue et dénigrer par certains qui cherchent, soit à gagner de l’argent ou bien à rechercher la notoriété. Trop, c’est trop ! Aujourd’hui, les limites du supportable ont été atteintes ! Nous avons depuis de nombreuses années démontré notre bonne volonté en direction d’une lutte antidopage sans faille. Depuis 15 ans, notre sport combat ce fléau du dopage seul. Nous en sommes même aujourd’hui les précurseurs au regard de beaucoup. »
Individuellement, les réactions ne se sont pas fait attendre non plus, toutes dénonçant un vilain coup de pub de l’ex-Boss. « Il a besoin d’exister, même s’il est rayé des cartes du Tour. Sa façon d’exister, c’est de donner des interviews à droite et à gauche, de jouer avec twitter », a ainsi déclaré l’ancien coureur et directeur sportif, Cyrille Guimard.
Schleck : « On peut gagner sans se doper »
« Quel crédit donner à Armstrong ? Un type qui a tout volé, qui a tué le Tour de France. Il est le leader d’une décennie qui nous a fait beaucoup de mal. Je ne suis vraiment pas d’accord avec lui. On peut gagner le Tour sans se doper, je le certifie », s’est indigné de son côté Jean-René Bernaudeau (Europcar). Une affirmation approuvée par Cadel Evans, lauréat du Tour 2011 dont la réputation de coureur propre est au-delà de tout soupçon. « Je suis la preuve que ce n'est pas vrai. »
« Moi, poursuit Andy Schleck, j’ai un Tour de France sur mes épaules et je n’étais pas dopé. J’ai fait également 2e du Tour et au Giro sans dopage. Je connais d’autres coureurs qui ont gagné le Tour sans se doper et je sais que cela est possible. Lance, il n’a jamais gagné sans donc il ne connait pas un autre chemin. »
Hinault : « Qu’on arrête toutes ces conneries ! »
« Armstrong ? s’interroge Bernard Hinault. Il ne doit pas savoir ce que c’est de faire du vélo sans en avoir pris. Il faut arrêter de penser que tous les coureurs cyclistes sont des voyous, des drogués et tout ce que l’on veut. Ça me désole d’entendre tout ça. Et arrêtons de dire que le dopage est culturel ! Qu’on arrête toutes ces conneries ! »
Enfin, côté UCI, on a également tenu à réagir par le biais d’un communiqué de presse et la voix de son président, Pat McQuaid. « « Il est très triste que Lance Armstrong ait décidé de faire cette déclaration sur le 100e anniversaire du Tour de France. Cependant, je peux lui dire catégoriquement qu'il se trompe. Ses commentaires ne font absolument rien pour aider le cyclisme. La culture au sein de cyclisme a changé depuis l'ère Armstrong et il est maintenant possible de courir et de gagner proprement. » Et de tourner définitivement la page Armstrong.