Tour de France : Quintana, de l’altiplano au podium

Nairo Quintana est 3e du Tour de France avant la 19e étape ce vendredi - -
Des dizaines de personnes pour l’accueillir à l’aéroport de Bogota, les félicitations du président de la République colombienne… Nairo Quintana a déjà vécu « le retour du héros ». C’était en 2010 et le petit grimpeur de Cómbita, dans le centre du pays, venait de remporter le Tour de l’Avenir. Dans quelques jours, quand le prodige de 23 ans au visage de sage descendra à nouveau de l’avion, la ferveur sera sans doute encore plus forte. Car c’est une place sur le podium du Tour de France que s’apprêtent à fêter les Colombiens. Et peut-être même le meilleur résultat de l’un des leurs, après la 3e place de Fabio Parra en 1988. Plus les Champs-Elysées se rapprochent, plus Nairo Quintana grimpe dans la hiérarchie de cette 100e édition de la Grande Boucle.
Désormais troisième à 21 petites secondes d’Alberto Contador, le coureur passé professionnel en 2009 et ancien de l’équipe 4-72 Colombia (membre du MPCC), a encore deux étapes de montagne pour monter sur la deuxième marche. Le Glandon, la Madeleine, l’Epine, la Croix Fry, le mont Revard, le Semnoz. Six grands cols en deux jours (trois de 1ère catégorie et trois hors-catégorie), après la double ascension de l’Alpe d’Huez jeudi. Cette fin de Tour semble taillée pour lui, pour ce garçon qui faisait une vingtaine de kilomètres à vélo pour aller au collège, sur les hauts-plateaux de la cordillère des Andes, à plus de 2 500m d’altitude. « J’imaginais que je courrais une course importante et j’essayais toujours de gagner » racontait-il au quotidien colombien El Tiempo en 2010.
Guimard : « Quintana est sans doute un futur vainqueur du Tour de France »
Trois ans plus tard, c’est le podium du Tour de France qui le « fait rêver ». L’une des récompenses qui attendent Nairo Quintana, avec le maillot blanc de meilleur jeune (9’06 d’avance sur Michal Kwiatkowski) et peut-être celui à pois rouges de meilleur grimpeur (sept points de retard sur Chris Froome). Pour une première participation au Tour de France, moins d’un an après une Vuelta prometteuse, cela ressemble à un triomphe. A titre de comparaison, au même âge et également pour sa première participation, l’actuel leader finissait 84e du général et 12e du classement du meilleur jeune. Les 167 centimètres et 59 kilos du Colombien, victime d’une maladie infantile à sa naissance, seront-ils aussi recouverts de jaune à l’avenir ? Cyrille Guimard en est convaincu.
« Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est qu’il sera sans doute un futur vainqueur du Tour de France et l’adversaire de Chris Froome l’année prochaine », prévient l’ancien coureur et directeur sportif, membre de la Dream Team RMC Sport. Si les éloges pleuvent, si sa notoriété grandit, le petit homme de Cómbita n’oublie pas qu’il est et d’où il vient. « L’humilité est un bouclier, une carapace qui me permet d’observer les gens » expliquait Nairo Quintana à El Pais en début de semaine. Et comme sur la route du Tour, il sait répondre aux attaques. « Je n’aime pas que les gens pensent qu’être colombien et andin, c’est être très pauvre. Si j’allais en vélo au collège, ce n’était pas parce que je ne pouvais pas prendre le bus. Je le pouvais. » Mais il préférait attaquer dans l’altiplano.
A lire aussi :
- Tour de France : Froome, le coup de la panne
- Quintana : « Plutôt content »
- Tour de France : Quintana, la promesse