Tour de France : Riblon, héros de la nation

A l’issue d’un finish de rêve, Christophe Riblon a remporté la 18e étape du Tour de France au sommet de l’Alpe d’Huez. A 32 ans, le coureur d’AG2R-La Mondiale s’offre la plus belle victoire de sa carrière, la première pour un Français sur ce Tour 2013, et redonne le sourire à son équipe après l’abandon de Jean-Christophe Péraud la veille.

D’un point rageur, il harangue la foule compacte massée derrière les barrières de sécurité. La clameur est assourdissante. L’émotion intense. Après quelques derniers coups de pédale, il franchit la ligne d’arrivée, les bras levés et les yeux embués. Un mélange d’épuisement et de bonheur défigure son visage. A 32 ans, Christophe Riblon vient d’écrire le plus beau chapitre de sa carrière en remportant la 18e étape du Tour de France. Un triomphe au sommet de l’Alpe d’Huez qui offre à l’Hexagone son premier succès dans cette 100e édition de la Grande Boucle. Un véritable rayon de soleil pour l’équipe AG2R-La Mondiale, meurtrie par l’abandon de son leader Jean-Christophe Péraud la veille.

« Il n’y a que le sport qui peut nous apporter de telles émotions, savoure Vincent Lavenu, le manager de l’équipe française. C’est l’étape que tout le monde veut gagner. C’est la première fois en 22 ans que ça nous arrive (depuis que Lavenu dirige une équipe, ndlr). C’est trop bon. On travaille pour ça, pour ces moments rares. C’est extraordinaire ! » Après son coup d’éclat à AX 3 Domaines en 2010, Riblon décroche une seconde victoire d’étape sur le Tour. La plus prestigieuse. Aux avant-postes tout au long de la journée, le natif de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) a fait la différence dans les deux derniers kilomètres de l’Alpe d’Huez. Une ascension mythique, que les coureurs ont franchie à deux reprises, dans laquelle il a déposé l’Américain Tejay van Garderen (BMC Racing), victime d’un gros coup de barre alors qu’il filait seul vers la victoire.

Gadret : « J’ai eu des frissons lorsqu’il a passé la ligne »

« A 5 km de l’arrivée, je n’y croyais plus pour la gagne, je jouais plus la place de deuxième, assure le héros du jour, qui s’est fait une petite frayeur en manquant un virage dans la descente du col de Sarenne. Van Garderen a bien coincé. Quand je l’ai vu devant moi, je me suis dit que c’était inouï. J’ai vu Pierre Rolland (Europcar) gagner ici il y a deux ans, j’étais avec lui et j’avais loupé le coche. Cette fois, c’est incroyable. » Un finish de rêve qui a fait vibrer l’ensemble de ses partenaires. « J’avais l’oreillette branchée, raconte John Gadret. Je n’ai pas voulu l’enlever parce que j’écoutais l’arrivée de Christophe. J’ai eu des frissons dans les jambes lorsqu’il a passé la ligne. »

Un moment inoubliable que même Luc Leblanc, membre de la Dream Team RMC Sport, a eu du mal à digérer. « Je suis ému, a-t-il confié à l’issue de la course. Riblon est un mec fantastique. Si un Français devait gagner aujourd’hui, c’était lui. Quand je vois son émotion et le boulot qu’il a fourni durant toutes ces années, c’est vraiment formidable. C’est quelqu’un de sincère, qui a la tête sur les épaules. Il n’a jamais fait d’écart. Dans la vie, c’est une personne très humble. Il mérite amplement cette victoire. » Une consécration qui, comme le veut la tradition, va permettre au double vice-champion du monde sur piste (2008, 2010) de donner son nom à l’un des 21 lacets de l’Alpe d’Huez. A moins qu’il n’en réclame deux…

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Alexandre Jaquin