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Un vainqueur sortant qui abandonne ? Une rareté du Tour

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Victime de plusieurs chutes, Chris Froome a été contraint à l’abandon ce mercredi au cours de la cinquième étape du Tour 2014. Retour sur les cinq autres vainqueurs sortants qui ont dû « bâcher » depuis 1947.

Il a fini par dire stop. Plusieurs fois à terre depuis le début du Tour, touché dans sa chair, Chris Froome s’est résigné à l’abandon au cours de la cinquième étape, celle des pavés et de tous leurs dangers, où le Britannique d’origine kényane a encore goûté du bitume. Un vainqueur sortant du Tour qui met pied à terre, la chose fait dans la rareté. Ils ne sont que six coureurs, Froome compris, à avoir vécu un tel moment sur la Grande Boucle depuis la première édition d’après-guerre en 1947. On vous les rappelle.

Bernard Hinault (1980)

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Double tenant du titre, lauréat du Tour d’Italie quelques semaines auparavant, « le Blaireau » se présente au départ, à Francfort, en immense favori. Il remporte le prologue et prend le maillot jaune, cédé dès le lendemain. A Spa-Francorchamps (contre-la-montre) puis Lille, il s’offre deux victoires d’étape. Touché au genou sur les pavés entre Lille et Compiègne, il reprend le jaune à l’issue du chrono Damazan-Laplume. Le lendemain, au terme de l’arrivée à Pau, la douleur est trop forte et pousse Hinault à se retirer. Le Néerlandais Joop Zoetemelk remporte le Tour. Le Breton, lui, en remportera trois autres (1981, 82 et 85).

Bernard Thévenet (1976 et 1978)

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Il restera le premier homme à battre Eddy Merckx. Mais aussi le seul cycliste d’après-guerre à avoir abandonné à deux reprises en étant tenant du titre du Tour. En 1976, victime d’un mal d’origine virale, le natif du lieu-dit « Le Guidon » (Bourgogne) – ça ne s’invente pas – va connaître une Grande Boucle horrible. Pas au mieux sur le plan sportif, il est victime d’un ennui mécanique sur la route de Pyrénées 2000. Deux jours plus tard, l’étape reine le crucifie : au plus mal, il perd plus de 13 minutes et finira par abandonner lors de la 19e étape. Le Belge Lucien Van Impe termine en jaune à Paris. Ressuscité l’année suivante, où il s’offre une deuxième Grande Boucle et enterre définitivement Merckx (6e), Thévenet est hospitalisé lors de l’hiver 1977 pour une maladie du foie qu’il mettra sur le compte de l’utilisation à long terme de stéroïdes. Il ne retrouvera pas assez la forme pour être un acteur du Tour 1978, où il abandonne dans la montée du Tourmalet (11e étape). Il reviendra sur le Tour en 1980 (17e et 1981 (37e).

Federico Bahamontes (1960)

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Tenant du titre et déjà triple vainqueur du Grand Prix de la montagne (maillot à pois) en 1954, 58 et 59, « l’aigle de Tolède » peut légitimement viser le doublé au départ de Lille. Mais sa course ne va pas durer longtemps. Le coureur espagnol casse son vélo au cours de la deuxième étape entre Bruxelles et Malo-les-Bains. Aidé par toute l’équipe d’Espagne, il finit par craquer et baisse les bras à quelques kilomètres de l’arrivée. Un choix qui va mettre ses coéquipiers en colère. L’Italien Gastone Nencini en profite pour s’imposer. Grimpeur magnifique, Bahamontes reviendra répandre la grâce de son coup de pédale sur les cols du Tour, où il remportera encore trois classements de la montagne (62, 63 et 64) et quatre étapes. Sans oublier de grimper à deux reprises (63 et 64) sur le podium.

Jacques Anquetil (1958)

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Il a dominé le Tour 1957, son premier, de la tête et des épaules. Mais 1958 sera une autre histoire. En méforme, le Normand ne claque pas la moindre étape et ne parvient pas à s’habiller de jaune. Les conditions de course vont finir par lui être fatale. Entre Briançon et Aix-les-Bains, cadre de la 21e étape, une pluie glaciale s’abat sur le peloton pour un exploit légendaire de Charly Gaul, futur vainqueur. Elle va être fatale à Anquetil, touché par une congestion pulmonaire. Il abandonne au matin de la 23e étape. Troisième en 1959, il reviendra gagner en 1961 (en jaune du premier soir jusqu’à Paris !), 62, 63 et 64.

Roger Walkowiak (1957)

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Il a donné nom à une expression : un « Tour à la Walkowiak ». Autrement dit : une victoire inattendue qui trouve son origine dans des circonstances de course très favorables. Le succès de « Walko » sur la Grande Boucle 1956 est souvent désigné de la sorte, même si certains spécialistes lui accordent plus de crédit. L’année suivante, sur le Tour, Roger a du mal à trouver sa place en équipe de France. Son statut l’empêche d’être leader et la présence du surdoué Jacques Anquetil le prive du rang de leader-favori. Virtuellement Maillot Jaune lors de la cinquième étape, il casse une roue qui tarde à être réparée et Anquetil en profite pour revêtir le paletot. La santé aura raison de Walkowiak : une épidémie de grippe intestinale touche l’équipe de France dans les Pyrénées. Il sera contraint à l’abandon au pied de l’ascension du Tourmalet dans la 18e et Anquetil remporte la Grande Boucle. De retour en 1958, « Walko » terminera 75e. A part en 1956, il n’a jamais fait mieux que 47e sur le Tour.

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Alexandre Herbinet