Tour de l’Avenir: pour Seixas, deux derniers jours pour plier le match avec Widar

Mercredi sur les routes du Jura, à l’approche du Val Suran, Jarno Widar a tenté une attaque mais comme depuis le début de ce Tour de l’Avenir, l’équipe de France autour de Paul Seixas ne lui a pas laissé prendre la moindre avance. L’explication aura donc lieu dans les cols alpestres, lors des deux derniers jours. "Pour l'instant tout s'est bien passé, je suis satisfait car toute l'équipe a fait un gros boulot pour me placer tout au long de la semaine, ils ont été vraiment costauds. C'est beau d’avoir une équipe comme ça alors qu'il y a une semaine, on ne se connaissait pas", savoure Paul Seixas. Le leader des Bleus, vainqueur du prologue samedi dernier, dit d’ailleurs se sentir "mieux qu’il y a une semaine", après cinq jours de course, et avant le plus gros morceau de ce Tour de l’Avenir.
Ce jeudi, les coureurs partent de Saint-Gervais-Mont-Blanc jusqu’à Tignes 2100, soit 121 km avec près de 3.900 mètres de dénivelés positifs et trois difficultés répertoriées: le Col des Saisies, le Cormet de Roselend puis la montée finale vers la station savoyarde. "Je connais les trois-quarts de l'étape donc je l’ai vraiment cochée, ça va être dur mais j’espère que je me sentirai bien", annonce Paul Seixas. Demain vendredi, ce Tour de l’Avenir se terminera par deux étapes dans la même journée: une boucle de 41 km le matin avec notamment le Col du Petit Saint-Bernard, et un contre-la-montre de 10 km l’après-midi dans la montée de La Rosière. Dans le camping-car de l’équipe de France, la confiance est de mise avant ces deux derniers jours où tout va se jouer: "On est très confiants parce qu'on voit que l'équipe est forte, que Paul est très fort. Je ne sais pas si ce sera moi ou plutôt Paul, mais en tout cas on espère garder le maillot jusqu'à la fin", s’enthousiasmait sur son home-trainer mercredi derrière le podium Maxime Decomble, avec la tunique jaune de leader du classement général toujours sur le dos ce jeudi matin.
Peu d’écarts entre les favoris
"La confiance, c'est un mot, après il y a l'état d'esprit et quand Paul a gagné le prologue, ça a permis de partir du bon pied. Globalement, l'équipe a vraiment fait un très bon travail, maintenant c’est à Paul de prendre ses responsabilités, il en est conscient et il n’attend que ça", juge le directeur sportif de l’équipe de France, François Trarieux. "On pourrait avoir ce jeudi un petit marquage quand même, mais la météo va vraiment jouer un rôle et si elle devient très compliquée, ça peut favoriser une course de mouvement et là il faudra que mentalement Paul soit fort. Il sera accompagné, j'en suis certain, Paul est attendu il le sait et c'est pour ça qu'il s'est préparé donc on essaiera, quitte à exploser à la fin. On n'est pas là pour se chercher des excuses."
Du mouvement à attendre car à deux jours de la fin, les principaux favoris pour le maillot jaune se tiennent dans un mouchoir de poche avec Paul Seixas en position favorable: le jeune Lyonnais pointe à la 15e place au général, dans le même temps que l’Italien Lorenzo Finn, avec 8 secondes d’avance sur le Norvégien Jørgen Nordhagen, 17 secondes sur le Belge Jarno Widar et 21 secondes sur l’Espagnol Pablo Torres notamment. On pourrait donc assister à une explication entre la pépite française et celui qui est annoncé comme son rival n°1 Jarno Widar, talent du plat pays âgé de 19 ans vainqueur du Giro 'Next Gen' l’an dernier et contre lequel Seixas n’a pas eu l’occasion de courir depuis plusieurs années. "Je pense que ce duel, c’est un truc médiatique. Jarno est un coureur très fort, mais ce n'est pas le seul. Je ne me fixe pas sur lui", évacue le leader tricolore, exceptionnel 8e du dernier Critérium du Dauphiné.
Comme un duel Pogacar-Vingegaard?
Son directeur sportif en l’équipe de France abonde: "Il y a plusieurs autres coureurs, comme Pablo Torres, qu’on attend vraiment. Les médias belges en font des caisses sur Widar, comme nous en France avec Paul qui est attendu comme le Messie mais Paul est jeune, depuis le début de la semaine il s'amuse aussi à courir de manière débridée, ce qu'il n'a plus l'occasion de faire au niveau WorldTour. Ils tireront forcément des enseignements à la fin de cette semaine et quoi qu'il arrive ça les fera grandir donc il faut garder ce côté positif, c'est aussi l'intérêt de cette course", rappelle François Trarieux.
Côté belge, le sélectionneur national a déclaré il y a quelques semaines à DirectVelo que cette confrontation sur le Tour de l’Avenir entre Seixas et Widar serait "un beau duel, un peu comme Pogacar contre Vingegaard". Serge Pauwels n’a pas changé d’avis après cinq jours de course: "J'ai vu cette semaine que Paul Seixas court vraiment comme Pogacar parce qu’il attaque même sur les étapes de plat. Pour voir des écarts entre eux, il faut attendre ces deux derniers jours mais ce sont deux très gros talents et il ne faudra pas attendre cinq ans avoir de voir l’un des deux sur le podium d'un grand Tour, j’en suis sûr! Naturellement, je suis derrière Jarno mais je réalise que c'est aussi un grand moment pour le cyclisme et que dans cinq ans, on reverra certainement les images de ce Tour de l'Avenir." Pour le sélectionneur belge, les deux courtes étapes de demain vendredi seront plus décisives que celle du jour vers Tignes, même si son leader Widar avait connu l’an dernier sur ce même Tour de l’Avenir une grosse défaillance physique sur les étapes reines de fin de compétition: "Jarno a appris à se battre même après un jour sans, je sens qu'il est calme donc on a de l'espoir qu'il montrera quelque chose mais je ne sais pas si ça sera suffisant pour battre Paul Seixas parce qu’il faudra le lâcher pour gagner le général…"