Martin, une place au soleil

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Paris-Nice ne marque pas seulement le début des choses sérieuses. C’est également un premier et bon révélateur des forces en présence dans le peloton. Il serait bien entendu hasardeux de tirer des conclusions hâtives, notamment concernant Frank Schleck, contraint à l’abandon à la veille de l’arrivée, mais en s’imposant sur la promenade des Anglais, Tony Martin a confirmé qu’il faudra compter avec lui cette année. A 25 ans, et après avoir notamment enlevé le Tour du Benelux (2010) et le Tour de l’Algarve (2011), le coureur HTC-High Road décroche son plus beau succès. « C’est la plus grande victoire de ma carrière. Je ne pouvais pas imaginer un meilleur départ pour ma saison, salive le vainqueur du chrono de vendredi. Je suis venu comme leader et j’ai prouvé que je pouvais être un bon leader. »
Professionnel depuis 2006, il confirme ainsi les espoirs placés en lui. Déjà sur Paris-Nice il y a deux ans, il était à la lutte pour le classement de la montagne. Aujourd’hui, il fait partie des meilleurs rouleurs du monde, comme le prouvent ses deux deuxièmes places lors des contre-la-montre des Tours de France 2009 et 2010, ainsi que son titre de vice-champion du monde (2010). « Il est revenu avec des talents affirmés de rouleur, constate Christian Prudhomme, directeur de course. C’est assurément l’un des meilleurs coureurs du monde. Il était attendu et est au rendez-vous. Ça veut dire qu’il a du sang-froid. Il a géré sans s’affoler. »
Gallopin : « Un physique à la Hinault ou à la Armstrong »
Du côté de son équipe, Alan Peiper couve le poulain et refuse de précipiter les choses, notamment dans l’optique du prochain Tour de France. « C’est un premier grand succès dans la peau du leader, note le directeur sportif de la formation américaine. Gagner le Tour, c’est difficile à dire. Il a encore une marge de progression. Il peut être un prétendant ; mais il est encore jeune. Peut-être dans un ou deux ans. On va faire étape par étape. » Des propos repris en écho par le principal intéressé. « J’y vais pas à pas. Je grandis doucement. La prochaine étape sera d’être en jambe sur le Tour de France. »
Les observateurs attentifs ont en tout cas déjà coché le nom de cet homme discret, timide et toujours souriant en vue du prochain mois de juillet. « Avec la différence qu’il fait sur les chronos, il a le profil d’un vainqueur du Tour, note Alain Gallopin, ancien directeur sportif de Contador et Armstrong. C’est un coureur complet, solide. Il a un physique à la Bernard Hinault ou à la Lance Armstrong. C’est un vrai costaud. Ça peut devenir un très solide leader de Tour. » Respectueux des autres à en croire Peiper qui n’hésite pas à le comparer à un « coureur modèle », Martin se préparera désormais pour le Tour de suisse qui débute le 11 juin. Après seulement, il sera temps de penser à la Grande Boucle. Sa troisième.