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"Soutien à Cédric", "on peut se poser des questions"... Les critiques sur les méthodes de management de Vasseur chez Cofidis divisent

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Coups de pression, sautes d'humeur... Le manager général de l'équipe Cofidis est visé depuis quelques semaines par plusieurs accusations d'anciens membres de l'équipe française. Pour RMC Sport, les consultants Jérôme Pineau et Jérôme Coppel donnent leur point de vue.

Tout s'est embrasé cet été lors du Tour de France. L'ancien sprinteur français Nacer Bouhanni avait décidé de régler ses comptes publiquement avec Cédric Vasseur, son ancien patron chez Cofidis. "J’ai tout connu. Des très grandes victoires comme des terribles chutes. Et même du harcèlement avec mon ancien manager chez Cofidis, Cédric Vasseur", lançait le désormais retraité. L'ancien coureur parlait même d'humiliations.

Et il n'est pas le seul à avoir dénoncé les techniques de management du Nordiste. Dans les colonnes de L'Equipe cette semaine, plusieurs anciens coureurs de l'écurie française l'ont suivi, décrivant "une personnalité lunatique, mielleux un jour, en mode missile le lendemain".

Un climat tendu quasiment considére comme caractéristique du team Cofidis. "Quand c'est un coureur, on peut se demander si le problème ce n'est pas que le contact ne passe pas. Mais quand plusieurs coureurs font des remarques comme ça, là on peut se poser des questions sur le management pur", s'interroge ainsi Jérôme Coppel, ancien coureur et consultant RMC Sport. Outre les coureurs, depuis l'an passé, trois entraîneurs ont également été remerciés de manière peu diplomate, dont Vincent Villerius, au sein de Cofidis depuis 17 ans.

Des changements et des règlements de compte face caméra

6e étape du Tour de France cet été, Cédric Vasseur a du mal à cacher sa déception. Le manager n'a pas du tout apprécié le comportement de son coureur Axel Zingle, parti à l'avant pour tenter sa chance alors qu'il était prévu qu'il accompagne le sprinteur Bryan Coquard (11e de l'étape). Le Nordiste avait manifesté son mécontentement à notre micro: "Il faut regarder le palmarès de Bryan Coquard et celui d’Axel Zingle, avec tout le respect que j’ai pour Axel, lance alors Cédric Vasseur. On jouait la carte de Bryan à fond. Il faut vraiment jouer collectif". Une comparaison qui ne manque pas de faire réagir, Nacer Bouhanni en chef de file.

"Pour rappel, se souvient Jérôme Coppel, il y avait une stratégie assez claire au départ du Tour au niveau des sprinteurs, c'était tout pour Bryan Coquard. Quand une ou deux étapes après, Bryan n'a pas eu les résultats que Cédric Vasseur attendait, il a complètement rabattu les cartes et c'était un peu chacun pour soi au niveau des sprints." Certains coureurs dénoncent même des stratégies changeantes, au gré des humeur, qui avait poussé Bryan Coquard à songer à arrêter en avril dans la Sarthe, au Région Pays de la Loire Tour.

"Être manager, je pense que ce n'est pas donné à tout le monde, il faut savoir manager son staff, ses coureurs, les envies de coureurs, leurs ambitions... (...) C'est ça qui est compliqué quand vous êtes coureur: ne jamais avoir les mêmes consignes d'un jour à l'autre ou les mêmes attentes. Vous préparez une saison, vous préparez les courses, vous savez à peu près en début d'année où vous voulez aller, il y a tout qui change d'un seul coup, c'est compliqué," analyse Jérôme Coppel qui comprend ces accusations. Toutefois, elles peuvent également avoir l'effet inverse selon l'ancien coureur, à savoir un management encore plus dur.

"C'est une énorme pression pour lui"

Des coups de pression qui peuvent s'expliquer aussi par la dureté du métier de manager. Jérôme Pineau, ancien coureur mais également ancien manager de l'équipe bretonne B&B Hotels-KTM et consultant RMC Sport, a connu ce genre de situation. "Il faut être au cœur de l'équipe pour comprendre et faire ce métier pour comprendre comment on peut activer des choses. Par le passé, j'ai été manager, je sais que les coureurs se plaignent parfois de petites choses alors que ce n'est pas l'essentiel. Le manager n'est peut-être pas toujours très bon, mais on a une énorme pression, on doit rendre des comptes, on a de gros budgets entre les mains et on nous demande beaucoup," plaide Jérôme Pineau.

Manager général de l'équipe depuis 2017, Cédric Vasseur se retrouve donc sous le feu des critiques. Et pour ne rien arranger, le team Cofidis n'est pas dans sa plus grande forme. Avec un zéro pointé lors de Paris-Nice, la formation nordiste a perdu 4 places au classement UCI et se retrouve 18e, à une place d'être relégué à l'échelon ProTeam et perdre sa licence WorldTour.

"C'est très facile de critiquer quand ça ne va pas. Ce n'est pas le genre de job qu'on occupe quand on n'a pas la passion. Il est passionné, il fait au mieux. C'est une énorme pression pour lui. Les méthodes de management, elles sont ce qu'elles sont. En tout cas, elles ne sont pas critiquables, a déclaré Jérôme Pineau. Je soutiens totalement Cédric". Cédric Vasseur, de son côté, n'a pas encore réagi aux dénonciations à son encontre.

Sarah Belien