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Voeckler: "On a une chance d’être champion du monde avec Alaphilippe"

Thomas Voeckler

Thomas Voeckler - ICON

Après avoir livré ce jeudi sa sélection en vue des Mondiaux dans le Yorkshire (22-29 septembre), le sélectionneur de l’équipe de France de cyclisme sur route Thomas Voeckler s’est expliqué sur ses choix dans un entretien accordé à RMC Sport.

Thomas Voeckler, comment a été construite cette sélection ? On a le sentiment qu’un leader se dégage avec Julian Alaphilippe.

Julian, c'est le numéro 1 mondial, il est multicartes. A part un circuit tout plat, il peut gagner sur tous les terrains. Comment ne pas en faire le leader ? Le parcours a permis de dégager des hommes. Gallopin, ou Laporte, le circuit leur convient très bien, il était évident qu’ils seraient là, Alaphilippe ou pas. Après, la présence de Julian et le fait qu’il ait fait du titre mondial son objectif de fin de saison en font un leader naturel. Ça aurait été aberrant de ne pas faire l’équipe autour de lui.

Alaphilippe leader, ça tranche avec l’an passé et les Mondiaux à Innsbruck où Alaphilippe, Bardet, ou encore Pinot pouvaient tous prétendre au leadership...

C’est le seul Français au niveau mondial à être capable de faire la différence sur ce genre de parcours, donc oui, c’était évident qu’il devait être le seul leader cette année. Sur le parcours montagneux de Martigny en Suisse l’an prochain, ce sera sans doute différent, mais là, il n’y a pas photo.

Arnaud Démare (pas sélectionné) n’est pas capable de rivaliser avec les meilleurs, par exemple ?

J’ai discuté avec lui, on, a longuement échangé, encore il y a quelques jours au téléphone. J’ai pensé longtemps le sélectionner. Il y aurait été si Alaphilppe n’avait pas été là. On a un seul leader, mais on n’attend pas de lui qu’il nous porte sur ses épaules. On a une chance d’être champion du monde avec Julian, mais d’autres comme Tony Gallopin peuvent influencer le final. Un seul leader, c’est une volonté, mais c’est aussi une logique liée au parcours.

Quand connaîtra-t-on le 8e homme et qui sera-t-il ?

Il faut qu’il soit utile à Julian, quoi qu’il arrive. Ce ne sera pas une solution de secours si jamais Julian ne va pas bien ce jour-là. Je vous donnerai le nom plus tard.

Le profil de 284,5 km assez vallonnés se rapproche de quel type de parcours ?

Si on devait le comparer à une Classique, ça se rapprocherait plus d’une Classique flandrienne que d’une ardennaise. Moins dur que la Liège-Bastogne-Liège. Même s’il y a des bosses, ça passe partout gros plateau, tout le monde pourra franchir ces difficultés. Mais attention, c’est très long cette année, il n’y a aucun moment de récupération, le placement sera très important, et tout ça rajoute beaucoup de suspense. On ne peut pas anticiper le scénario au vu de ce parcours. Si vous prenez la classique Milan-San Remo, le Poggio par exemple, si on va acheter son pain, on trouve que ce n’est pas difficile. Par contre, si on y ajoute les 290 kilomètres d’avant, il devient tout de suite plus dur. Avec un parcours de 284 kilomètres, c’est un peu ça aussi l’idée.

Y a-t-il une forme de pression en tant que sélectionneur de succéder à Cyrille Guimard, qui avait ramené une médaille l’an passé avec Romain Bardet, vice-champion du monde ?

Bien entendu, l’an passé, Bardet a fait argent, et c’est un résultat inédit depuis plus de 10 ans pour la France, vu qu’on avait plus eu de médaille depuis Anthony Geslin à Madrid en 2005. Si ça marche, ça n’est pas moi qui pédale, donc ce ne serait pas grâce à moi. Il n’y a pas de pression, mais j’ai envie que ça marche. Je ne joue pas ma réputation, ni ma carrière.

En face d’Alaphilippe, qui sont les favoris selon vous ?

Matteo Trentin, l'Italien, est l’un des grands favoris, vainqueur d’étape sur le Tour. Michael Matthews, l’Australien, c’est un parcours qui lui va à merveille. Mathieu van der Poel, le Néerlandais, est encore plus favori que Julian. Mais après, Julian fait partie de ces favoris. Mais attention, ce parcours peut réserver quelques surprises. Il n’est pas assez sélectif. Ça ne se fera pas qu’à la jambe. C’est beaucoup plus complexe que ça.

Arnaud SOUQUE