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Escrime, ici l’ombre

Laura Flessel

Laura Flessel - -

Après l’échec des hommes au sabre, l’élimination des épéistes féminines pour les JO de Londres semble acter le déclin de l’escrime français. Faut-il s’en inquiéter ? Explications.

« C’est la fin du monde.» Stéphane Riboud ne cache pas son immense détresse. L’entraîneur national de l’épée féminine est abattu. Ce dimanche, au tournoi de Saint-Maur, les Bleues emmenées par Laura Flessel, ont échoué. Treizièmes à l’issue de la compétition, les filles ont vu leur rêve olympique s’envoler en fumée. Aujourd’hui, seule « la guêpe » (41 ans), conserve un mince espoir d’aller à Londres, en individuel. Elle devra pour cela atteindre la finale d’un tournoi de qualification olympique qui s’annonce très relevé à Bratislava (21 et 22 avril).
L’échec des épéistes tricolores, championnes olympiques en 1996, arrive seulement une semaine après celui des sabreurs, qui ont plongé à Moscou. Pour ajouter encore un peu plus de morosité au sein d’une discipline autrefois florissante, rappelons que l'épée hommes et le sabre femmes, deux spécialités dans lesquelles la France excelle, ne seront pas au programme des Jeux de Londres en raison du principe de turnover des différentes disciplines. Voilà le triste bilan de l’escrime française à quatre mois du coup d’envoi des Jeux.

Lamour : « Le socle est très solide »

Dans ce contexte, impossible de ne pas faire la grimace. Depuis les premiers Jeux de l’ère moderne disputés à Athènes en 1896, ce sport a en effet rapporté 115 médailles à la France, dont 41 en or. Un record ! Avec 86 breloques, le cyclisme est loin derrière. Double champion olympique de sabre (1984, 1998), Jean-François l’amour le reconnait, l’escrime française n’est pas au mieux. « Ce n’est pas très simple pour l’équipe de France, avoue celui qui deviendra ministre des Sports entre 2002 et 2007. Nous avons eu de super résultats à Pékin, notamment au sabre, mais il y a eu un problème de changement de générations. » Il y a quatre ans, en Chine, la délégation tricolore avait glané quatre médailles dont deux en or. Si les Bleus s’estimaient satisfaits, il s’agissait du plus mauvais bilan depuis les JO 1988.
A Londres, 10 ou 11 athlètes (selon le résultat de Flessel à Bratislava) défendront les couleurs de la France. Résolument optimiste, Jean-François Lamour les met en garde : « On a le potentiel, de bons entraîneurs et une histoire. Le socle est très solide. Il n’y a aucune raison pour que cela s’effondre d’une olympiade à une autre. Tout est une question de mental. Si les athlètes ne sont pas capables de supporter la pression, qu’ils fassent du tricot ou de la peinture sur soie ! A Londres, il n’y aura pas le droit à l’erreur ! »

AB avec RM et RP