Les frères Jeannet : « L’escrime française va repartir de zéro »

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Jérôme, au terme des épreuves individuelles, quel premier bilan tirez-vous de ces JO ?
Jérôme Jeannet : Ça fait vraiment mal au cœur de nous voir autant dans le dur, pas confiants, pas sereins. Avant, quand on abordait les matchs, on était conquérants, on avait une certaine stature, une certaine assise. Et là, on n’est même pas favoris et en plus, et on n’a pas confiance en nos capacités. On perd des matchs à notre porté on fait tout à l’envers. C’est horrible.
Fabrice Jeannet : On sent qu’on est vraiment pris dans la spirale de l’échec. Ça n’a pas super bien commencé et là, on sent que ça doute. Les voir dans cet état, ça fait vraiment de la peine.
Que faut-il faire ?
JJ. Il faudra faire table rase sur énormément de points et à beaucoup de niveaux, sinon on va continuer à s’enfoncer. Il faut donner les moyens aux entraîneurs de faire du bon travail. Il faut lancer de nouvelles choses, arrêter de rester dans les schémas qui nous ont fait gagner pendant des décennies. Maintenant, ça ne marche plus. Il faut apporter du sang neuf. Ça fait vingt ans que je côtoie les gens de la fédération et ce sont toujours les mêmes. Ils sont très sympathiques, mais on sent qu’un cycle est finit.
FJ. L’escrime évolue, le monde change, les gens vieillissent, les athlètes changent. On a accumulé trop de retard sur certains points. On ne peut pas se reposer sur les mêmes bases chaque année. On a gagné pendant un temps mais aujourd’hui, on a basculé du tout au rien. L’escrime française va donc repartir de zéro.
Concrètement, que faut-il changer dans l’escrime française ?
FJ. Mettre l’accent sur la transmission entre les anciennes générations et les nouvelles. Nous, quand on a intégré l’INSEP, il y avait encore toutes les légendes de l’escrime française et pendant deux ans, on s’est régalé à leurs côtés. Avec Yannick Borel, par exemple, on n’a pas eu le temps de s’entraîner ensemble. Il aurait fallu les faire rentrer plus tôt pour qu’ils bénéficient de toute cette expérience.
JJ. Il n’y a pas que le staff à pointer du doigt, il y a des comportements d’athlètes qui ont clairement nuit à certains groupes au sein de l’équipe de France. En plus, ils bénéficient de structure juste incroyable à l’INSEP alors que nous, on s’entraînait dans une petite salle près du self. Et puis, je trouve intolérable que tous les athlètes ne s’entraînent pas à l’INSEP car je pense que ça a contribué à faire perdre du lien dans cette équipe.