
Robeiri, enfin seul dans la lumière

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A force, l’épée française masculine avait fini par ne plus conjuguer ses succès qu’au pluriel. Les titres par équipe, les épéistes tricolores connaissent. Comme ses collègues, Ulrich Robeiri en avait fait une collection : titre olympique en 2008, planétaire en 2005, 2006, 2007, 2009 et 2010. En solo, par contre, le Guyanais avait tout juste commencé à remplir la cheminée. Le bronze mondial en 2003, l’argent et le bronze européens en 2012 et 2013. La plus haute marche du podium attendait encore.
Ulrich l’a conquise ce dimanche avec un titre de champion du monde conquis à Kazan, en Russie. Sorti en quart et sixième des « Europe » début juin, Robeiri a pris la plus éclatante des revanches un mois et demi plus tard. Comme porté par un destin inéluctable. « C’est vraiment le titre que j’espérais depuis 2003 et ma médaille de bronze, a raconté le héros du jour sur l’antenne de RMC. Je n’avais pas été en réussite sur les derniers Mondiaux, les échecs s’étaient succédé en individuel. Mais quand je me suis levé ce matin, j’y croyais. Je sentais que je pouvais faire quelque chose. La journée a été extraordinaire, j’ai fait des super matches, c’était incroyable. »
« Je pense à tout ce travail qui se concrétise »
Pour atteindre son but sous les encouragements féroces de son entraîneur Hugues Obry, champion olympique par équipes en 2004, Robeiri a d’abord dû se défaire de son compatriote Gauthier Grumier (médaillé de bronze) dans une demi-finale fratricide. « J’aurais préféré ne pas tirer contre lui, précise-t-il. Ça garantissait une place en finale à un Français mais ce n’est jamais un moment agréable. » L’obstacle tricolore franchi (15-11), restait une finale face au Sud-Coréen Park Kyoung-doo, 65e mondial mais auteur d’une journée de rêve alors que les deux meilleurs mondiaux – l’Estonien Nikolai Novosjolov et le Suisse Fabien Krauter – avait sombré de façon précoce.
Le Français, 31 ans et 9e mondial, se détachera peu à peu avant de maintenir son avance et de filer vers le titre (15 touches à 11). Enfin seul la tête dans les étoiles. « Je pense à mon entraîneur, Hugues, à tout ce travail qui se concrétise avec ce titre », lâchait le garçon à l’issue de son contrôle antidopage. Il allait ensuite fêter ça. Mais pas encore en long, en large et en travers. « Rien n’est organisé, il reste la compétition par équipes (mardi et mercredi, ndlr) », annonce Robeiri. Une vieille spécialité française pour un possible doublé de légende.

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